3307. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE ROHD A STOCKHOLM.

Potsdam, 22 octobre 1748.

Mes lettres de Pétersbourg continuent à me donner les assurances les plus positives qu'après l'événement de la mort du roi de Suède ce royaume n'aura rien à appréhender de la Russie, si l'on ne touche pas tout de suite la forme du gouvernement; qu'à la vérité, le cas de la mort du Roi venant à arriver, et la première Diète alors assemblée, le Chancelier pourrait bien faire ses démonstrations et ses intrigues ordinaires, pour entretenir la division dans les partis et pour donner de la tablature au nouveau Roi, mais qu'il n'irait pas plus loin et que ses vues n'allaient pas jusqu'à vouloir renverser l'ordre de succession, chose trop difficile aujourd'hui à exécuter et dont il aurait même de la peine de convenir avec le Danemark, le rétablissement de l'union de Kalmar étant une chose bien plus contraire aux intérêts de la Russie qu'un changement même dans la forme du gouvernement présent de Suède.

Au surplus, un de mes amis a donné un conseil au sieur de Wulfwenstjerna qui me paraît fort bon, savoir que le nouveau roi de Suède devait envoyer à Pétersbourg, immédiatement après son avènement au trône, une personne de marque et qui ne fût pas trop odieuse, pour faire la notification et donner en même temps de nouvelles assurances d'amitié, ce qui flatterait l'Impératrice et lui ferait voir que le Prince - Successeur n'était pas aussi noir qu'on aurait bien voulu le lui faire accroire. Quoique je n'aie nul doute que le sieur Wulfwenstjerna n'ait pas manqué de mander tout ceci en Suède, néanmoins vous ne laisserez pas de communiquer tout cela de ma part au Prince-Successeur, à la première occasion que vous trouverez pour l'entretenir en particulier, en ajoutant que ce conseil-là me paraissait venir d'un homme très bien intentionné<270> et qu'il y avait toute l'apparence qu'en le suiv ant à son temps, il en pourrait bien résulter que l'impératrice de Russie se radoucirait en quelque manière.

Federic.

Nach dem Concept.