3400. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Berlin, 28 décembre 1748.

A en juger par ce que vous me mandez, du 16 de ce mois, de la conduite du jeune Prétendant, je le prendrais presque pour tout-à-fait extravagant. Toutefois ne suis-je pas moins assuré, pour cela, que, nonobstant le désespoir qu'il fait paraître à l'heure qu'il est, la France ne dût le trouver prêt à s'en servir toutes et quantes fois elle le jugera nécessaire pour l'exécution de ses vues, et comme au reste je ne suis point curieux du tout de savoir un plus grand détail de ce jeune Prétendant,324-2 vous n'y mettrez plus de peine de votre part à m'en faire des rapports ultérieurs dans vos dépêches ordinaires à moi. Ce qui m'intéresse davantage, est de savoir l'état de l'intelligence qu'il peut y avoir présentement entre la France et l'Espagne, s'il y a de l'harmonie<325> entre ces deux couronnes, ou s'il y a lieu de craindre que l'Espagne ne puisse vouloir s'attacher à l'Angleterre; si le vaisseau anglais dit de permission sera continué à l'Angleterre aux Indes espagnoles ou non; si la France se repose actuellement sur la bonne foi de l'Angleterre, ou bien de quelle manière la France pense sur cette dernière ; enfin, quels peuvent être les sentiments du ministère de France sur la cour de Vienne, où pourront tendre les propositions que fera faire celle-ci à la France, pour combien la France pourra les goûter ou ne les goûter pas. C'est à ces objets que vous prêterez principalement votre attention, pour m'en faire de fréquents rapports.

Federic.

Nach dem Concept.



324-2 Vergl. S. 304.