3463. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A LONDRES.

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Klinggräffen berichtet, London 24. Januar: „Je ne sais pas jusqu'où le sieur Andrié a approfondi367-3 les sentiments du

Potsdam, 11 février 1749.

Je viens de voir avec satisfaction tout-ce que vous m'avez

prince de Galles, mais je sais fort bien que je me suis donné tous les mouvements et que je m'applique encore à m'orienter solidement là-dessus … Mes avis par rapport au penchant de ce Prince pour la maison d'Autriche ne varient en rien, savoir qu'il a une grande prédilection pour elle … Je suis assez porté à croire que le prince de Galles, à la mort de son père, qui jouit d'une santé parfaite, n'aura point d'animosité [envers la Prusse]; mais la prédilection pour la maison d'Autriche n'en subsistera pas moins.“

London 28. Januar: Ayant gagné la confiance du sieur Gastaldi, ministre de Gênes … je lui ai parlé sur les affaires générales de l'Europe; nous sommes tombés aussi sur la Suède … Il m'a faire lire en confidence une dépêche du marquis Pallavicini [ministre de Gênes à Paris] par laquelle Pallavicini l'engage à sonder le ministère d'ici si l'on ne pourrait pas amener les choses à un accommodement entre les cours d'Angleterre et de Suède. Il ajouta qu'on lui en tiendrait en France le plus grand compte. Le sieur Gastaldi a donc commencé ses insinuations par le duc de Newcastle, qui lui a répondu que, s'il était question de raccommodement, cela ne pouvait se faire que par un canal direct, éloignant par là d'entrer en matière, ce qu'il évite toujours avec grand soin. Le ministre de Gênes en a ensuite parlé dans le même sens à son ami, le sieur Stone, qui lui a répondu que la Suède s'était trop mal gouvernée jusqu'ici pour qu'on pût sitôt se prêter à un accommodement. Le sieur Gastaldi a aussi fait les mêmes ouvertures au duc de Bedford. La réponse de ce secrétaire d'État porte que de s'accommoder présentement avec la Suède, ce serait causer de la jalousie aux alliés de l'Angleterre. Le sieur Gastaldi a répondu, il y a trois jours, au marquis Pallavicini quasi mot pour mot ce que j'ai l'honneur de marquer, car j'ai lu la minute de sa dépêche … Quant au parti que l'Angleterre prendra dans les affaires du Nord, le ministère se tient fort boutonné là-dessus. Je ne laisse pas d'avoir de temps à autre quelques avis, mais je n'en suis point assez satisfait pour, oser les faire parvenir à Votre Majesté pour sûrs. Les uns portent qu'on ne souffrira pas ici que la succession en Suède reste sur le pied

mandé par vos dépêches des 24, 28 et 31 janvier dernier, qui me sont parvenues à la fois. Vous avez très bien fait de m'avoir marqué fidèlement tout ce qui est venu à votre connaissance par rapport aux affaires qui m'intéressent autant que celles que vous avez touchées, parceque cela répand beaucoup de lumière sur plusieurs avis qui me sont venus de différents autres lieux et qui m'étaient des problèmes que je ne savais assez expliquer.

J'applaudis parfaitement à tout ce que vous me marquez du caractère du prince de Galles, et les particularités que vous me mandez par rapport à son penchant pour la maison d'Autriche et touchant ses confidents, me sont de sûrs garants que vous ne vous êtes point trompé sur son sujet. Le meilleur est que je ne suis pas fort mêlé avec lui; je suis cependant de l'opinion encore que, si au cas de la mort de son père je ne gagnais grande chose avec lui, l'animosité cesserait au moins entre nos familles.

Quant aux affaires de la Suède, je vois bien, par tout ce que vous me dites des réponses que le ministre de Gênes en a eues des ministres d'Angleterre, que ces gensci ne veulent point s'accommoder avec la Suède, dans le dessein d'avoir des prétextes bons ou mauvais pour pouvoir se brouiller avec elle quand ils le trouveront de leur convenance. Pour moi, je crois de ne point me tromper quand je m'imagine que le plan de commettre l'Angleterre avec la Suède a été formé à Vienne, que le roi d'Angleterre n'a pas voulu y entrer

qu'on prétend l'avoir réglée, parceque Votre Majesté gouvernerait ce royaume indirectement. On ajoute qu'il fallait penser ou au duc de Cumberland ou au prince Frédéric de Hesse. D'autres avis disent que l'on ne se mêlerait point ici des affaires du Nord, à moins qu'on ne voulût, à la mort du roi de Suède, rétablir la souveraineté.“

au commencement, mais que pendant son séjour à Hanovre le ministre autrichien Wasner a trouvé moyen de le lui faire goûter, en le prenant du côté de l'intérêt et en lui insinuant que, comme la Russie aussi bien que la cour de Vienne ne sauraient voir de bon œil qu'une princesse de Prusse gouvernât par son époux la Suède, on aiderait à faire monter à ce trône de Suède soit un fils ou un beau-fils du roi d'Angleterre, pourvu qu'il voulût appuyer les desseins que les deux cours impériales avaient arrêtés contre la Suède, ce qui apparemment lui a fait gober l'hameçon. Au surplus, comme mon ministre à la Haye me marque qu'il n'était plus douteux qu'il ne se négociât un traité entre les cours de Pétersbourg, de Londres et de Vienne, auquel on souhaitait de faire entrer la république de Hollande, quoique celle-ci parût avoir peu d'envie d'y participer, l'on voit assez bien combien les trois susdites cours veulent lier leur parti et le fortifier au possible. Je crois cependant que le branle ne commencera pas avant le décès du roi de Suède, mais qu'alors on s'y devra attendre, à chaque instant.

Pour ce qui concerne les dettes de la Silésie dont le duc de Newcastie vous a parlé, en témoignant de craindre que les intéressés ne s'adressassent au Parlement, j'approuve la réponse que vous avez donnée au duc de Newcastle, et j'aurais songé effectivement d'acquitter dans deux ou trois termes toute cette dette, si malheureusement les affaires du temps n'étaient devenues aussi critiques qu'elles le sont. Mais j'ai bien lieu de soupçonner que c'est encore un plan médité des ministres autrichiens et inspiré à ceux de l'Angleterre, qu'ils excitent à présent eux-mêmes les intéressés de cette dette de se plaindre au Parlement, afin d'en faire une affaire générale, pour avoir occasion alors de révoquer la garantie de l'Angleterre sur la Silésie. Quoi qu'il en soit, je vous ai déjà dit369-1 que j'ai 200,000 écus prêts pour être payés en décompte, que je veux sacrifier; mais, quant au reste, je vous prie de me dire vousmême, sur votre honneur et conscience, si vous pouvez me conseiller de me dépouiller d'une aussi forte et considérable somme que celle en question, dans un temps aussi critique et dangereux que celui-ci. Enfin, je vous demande votre avis là-dessus et me repose, en attendant, sur votre zèle et fidélité, que vous tâcherez de plus en plus de bien approfondir les vues et les desseins qu'on a là où vous êtes par rapport aux affaires du Nord, pour m'en bien instruire.

Federic.

Nach dem Concept.

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367-3 Vergl. S. 340.

369-1 Vergl. S. 357.