3495. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE GOLTZ A MOSCOU.

Potsdam, 25 février 1749.

Votre dépêche du 3 de ce mois m'est bien entrée, et vous pouvez croire, sans crainte de méprise, que les prétendus desseins qu'on dit qu'aurait la Saxe pour vouloir raccommoder la cour de Russie avec celle de Versailles, n'ont jusqu'ici point eu lieu à cette dernière cour<393> pour qu'elle y aurait dû réfléchir un seul moment, et que, quand même on tâcherait de se rendre favorable là-dessus la France par tout ce qu'il y aurait de plus flatteur pour elle, la France ne saurait être persuadée de faire réflexion pendant le moindre petit espace de temps sur un projet tellement contre nature, et dont je doute fort qu'il ait seulement jamais existé.

Vous ne vous intriguerez donc point à l'égard de ces prétendus desseins de la Saxe, mais plutôt vous fixerez toute votre attention sur les affaires qui concernent la Suède et sur les desseins du Chanceher en cas de mort du roi de Suède, tout ainsi que sur ce que peuvent avoir conspiré à cette occasion en Russie avec Bestushew les cours de Vienne et de Londres. Je ne saurais assez vous recommander d'approfondir de votre mieux tous ces mystères d'iniquité et de ne ménager aucunes peines humainement possibles pour réussir à y faire des découvertes justes et fondées.

Vous ne sauriez non plus donner trop d'attention, à ce que je vous ai fait rescrire par le dernier ordinaire, à l'occasion des affaires de Suède, du département des affaires étrangères, des circonstances les plus critiques qui se puissent du temps présent; et c'est cette crise où nous sommes à l'heure qu'il est, avec les arrangements militaires de la Russie, qui doivent faire présentement l'objet principal de vos soins, pour que vous m'en fassiez fréquemment vos rapports fidèles et exacts.

Federic.

Nach dem Concept.