3677. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam, 28 mai 1749.

Je ne saurais rien ajouter à la façon judicieuse et solide dont le marquis de Puyzieulx envisage les choses par rapport aux desseins que couvent les deux cours impériales, et l'on ne peut s'en expliquer mieux qu'il a fait en sa réponse au sieur Blondel dont vous m'avez marqué le détail dans votre dépêche du 16 de ce mois. Aussi ma volonté est que vous devez lui faire un compliment bien flatteur de ma part sur ces sujets-là. En attendant, il est avéré que, malgré toutes les assurances que la cour de Vienne prodigue au ministre français qui y réside, sur ses sentiments pacifiques, les ostentions guerrières de la Russie ne vont pas moins leur grand train, et le chancelier Bestushew vient d'afficher de nouveau, dans les gazettes de Pétersbourg, que les ordres que l'amirauté y avait reçus en dernier lieu de Moscou, étaient de mettre incessamment en mer douze vaisseaux de guerre, quatre frégates et deux galiotes à bombes; qu'on devait d'ailleurs, tandis qu'on armerait le reste des vaisseaux pour sortir au premier ordre, équiper outre cela cent galères, et qu'on avait enjoint au collége de guerre de tenir prêt une quantité de régiments à être embarqués dès qu'on le jugerait à propos, et que le nombre de ces troupes pourrait bien faire celui de 36,000 hommes; que les magasins en Finlande et en Livonie devaient être abondamment pourvus, au delà même de ce qu'il faut pour la subsistance de 40,000 hommes. Outre cela, l'on me marque de la Courlande que sept régiments d'infanterie, qui, selon le nombre qu'on en suppose, doivent composer 14,000 hommes, avec un régiment de cuirassiers formaient trois campements aux environs de la ville de Mietau.

Cependant toutes ces bravades ne m'embarrassent point, puisque je sais assez que ce ne sont que des ostentations toutes pures; reste à savoir si cela continuera de cette façon-là jusqu'à la mort du roi de Suède, et si la cour de Russie voudra alors pousser plus loin.

Federic.

Nach dem Concept.