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3902. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

Potsdam, 1er octobre 1749.

Le sieur de Voss à Dresde ayant fait par la relation ci-close sa justification touchant l'indiscrétion qu'on lui a imputée,1 je vous en adresse l'original avec ordre d'inviter le marquis de Valory de venir vous voir et de lui faire lire alors toute la relation d'un bout à l'autre, sans cependant lui en donner copie, afin qu'il en puisse faire son rapport à sa cour et la désabuser des fausses suggestions qu'on lui a malignement faites à cet égard. Vous ferez en même temps remarquer au marquis de Valory que, quant au propos qu'on m'attribue avoir tenu au maréchal de. Saxe, quoique je n'aimerais point d'être commis avec le maréchal de Saxe, il fallait cependant absolument qu'il y eût du malentendu de sa part, puisqu'il ne m'était point échappé de 'dire pareille chose à lui, mais qu'il était absolument controuvé, comme le marquis de Valory le saura lui-même, ayant été présent à tous les entretiens que j'ai eus avec ledit Maréchal. Vous ne manquerez pas de me faire votre rapport sur ce qu'il vous aura répondu là-dessus, et de renvoyer l'original de la relation du sieur de Voss. Et sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

Copie de la relation du Conseiller Privé de Voss, de Dresde 27 septembre 1749.

Sire. Les ordres immédiats de Votre Majesté du 20 de ce mois m'ont été bien rendus. Votre Majesté m'y ordonne de me justifier et de m'expliquer exactement si, à l'occasion du traité d'alliance conclu entre la Suède et le Danemark, j'ai fait au marquis des Issarts et au comte de Brühl une déclaration telle que le premier doit avoir rapporté au marquis de Puyzieulx et que celui-ci a confiée au baron Le Chambrier. Je crois me pouvoir rapporter hardiment à mes dépêches qu'à ce temps-là j'ai eu l'honneur de faire à Votre Majesté. Car Elle verra par là que, bien loin de déclarer la moindre chose, j'ai été sur mes gardes lorsque l'homme attaché au comte de Brühl tâcha de me tirer les vers du nez. Ma dépêche du 16 août2 montre ma réponse que je lui ai donnée, et dans mes dépêches suivantes j'ai rapporté à Votre Majesté que j'avais fait confidence au marquis des Issarts et au ministre de Suède du raccommodement en question et du renouvellement du traité de subsides avec la France, afin que ces deux ministres pussent observer avec moi quelle impression cette nouvelle ferait sur cette cour-ci.

Voilà, Sire, tout ce que j'ai fait, et je puis L'assurer, sur le serment que je Lui ai prêté, que jamais je n'ai parlé le mot de toute cette affaire au comte de Brühl. Je ne comprends donc point comment le marquis des Issarts a pu rapporter que j'avais déclaré à lui et au comte de Brühl que Votre Majesté avait signé Son traité avec la Suède et le Danemark, et comme jusqu'au moment présent je n'ai rien appris d'une



1 Vergl. S. 100. 101. 103—105.

2 Vergl. S. 64.