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3948. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE GOLTZ A MOSCOU.

Potsdam, 28 octobre 1749.

La dernière poste m'ayant apporté votre relation ordinaire du 6 de ce mois, je veux bien vous dire comme je m'aperçois de plus en plus — en combinant ce que vous me marquez dans vos dépêches des entretiens que vous avez avec l'ami connu sur les affaires présentes, avec ce qui m'en revient d'autre part — que vous ne sauriez plus vous fonder tout-à-fait sur les éclaircissements qu'il vous donne, puisque je vois bien qu'il se borne à ne vous communiquer qu'une partie de ce qui se passe, et que sa timidité naturelle fait qu'il vous cache le reste. Ce que je ne vous dis cependant que sous le sceau du plus grand secret et pour votre unique direction. Quant aux Anglais, vous pouvez compter, et je le sais à n'en pouvoir douter, qu'ils ont agi à cette occasion de bonne foi, et que le lord Hyndford a travaillé de son mieux afin d'adoucir la cour de Russie et son ministre à l'égard de la Suède, et qu'il a tout fait pour contenir celle-là à ce qu'elle n'éclatât pas contre la dernière. Si l'on lui a fait des présents extraordinaires à son départ, c'est apparemment en reconnaissance des subsides qu'il avait procurés à la Russie à l'occasion de la guerre passée contre la France. Pour ce qui concerne les démonstrations de la Russie je crois qu'elles continueront jusqu'à ce que le roi de Suède décédera, et que ce sera à l'occasion de cet événement que le Chancelier éclatera, s'il reste déterminé de pousser sa pointe contre la Suède.

Federic.

Nach dem Concept.


3949. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A FONTAINEBLEAU.

Potsdam, 28 octobre 1749.

J'ai été bien édifié de tout ce que le marquis de Puyzieulx vous a dit relativement aux affaires du Nord, en conséquence du rapport que vous m'en avez fait à la date du 16 de ce mois. Tout y est exactement conforme à la façon dont je pense sur ces objets, et j'ai été charmé de ce que je m'y suis rencontré si heureusement avec ce ministre.

Vous pouvez lui dire qu'autant que je saurais juger du train que les affaires prenaient à présent, j'estimais que la cour de Russie pourrait bien s'arrêter à ne point user de violence contre la Suède, jusqu'à la mort du Roi qui y règne, et quand le chancelier Bestushew verrait à cet événement que la Suède ne changerait effectivement rien à la forme présente de son gouvernement, il faudrait qu'il cherchât alors d'autres prétextes plus frivoles encore que l'autre-là, s'il voulait encore donner essor à la haine extrême qu'il porte contre elle.