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3955. AU SECRÉTAIRE DIESTEL A COPENHAGUE.

Diestel berichtet, Kopenhagen 25. October: „Le ministre de Russie eut ces jours passés à la cour un entretien avec le Grand-Maréchal où il paraissait beaucoup d'affectation de la part du premier, à considérer le temps et le lieu qu'il avait choisi pour lui parler. M. de Moltke s'étant levé de table pendant le dîner, le baron de Korff saisit ce moment pour lui faire la lecture d'un écrit … La réponse du Grand-Maréchal fut fort courte, et sa contenance indiqua assez que cet entretien l'embarrassait … Il m'est revenu qu'on n'a choisi M. de Rosenkrantz pour l'envoyer à la cour de Votre Majesté que parcequ'on a été bien aise de l'éloigner, vu l'affection que le Roi lui a témoignée, qui a donné de la jalousie à ceux qui ont la direction des affaires.“

Potsdam, 1er novembre 1749.

Je serai bien curieux de savoir de vous le sujet de l'entretien dans lequel le sieur de Korff a embarqué le Grand - Maréchal d'une manière aussi affectée que vous la marquez par votre rapport du 25 du mois passé d'octobre; aussi m'en instruirez-vous, dès que vous en serez informé avec précision, Je vous sais bon gré de la particularité dont vous m'avez informé relativement au sieur Rosenkrantz; elle m'a été intéressante pour me diriger en conséquence.

Federic.

Nach dem Concept.


3956. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE ROHD A STOCKHOLM.

Rohd berichtet, Stockholm 21. October: „Le sieur Antivari a eu une conversation assez ample avec l'ambassadeur de France, auprès duquel il a tâché de faire valoir ses arguments en faveur de la déclaration réciproque entre la Suède et la Russie, proposée par la cour de Vienne, et sur l'insuffisance de ce celle qu'on a publiée ici en dernier lieu1 … L'Ambassadeur m'a dit l'avoir réduit à rester sans réplique, en se servant contre lui de ses propres armes et en lui représentant l'inconsistance de cette même raison qu'il venait d'alléguer; car, s'il était vrai que la plus grande partie de la nation redoutait le changement de gouvernement, comment donc pourrait-il avoir lieu, puisque c'est la nation même et les quatre Ordres qui la représentent qui doivent y donner leur consentement? Ou la nation le souhaiterait, ou elle ne le voudrait point : le premier cas n'est pas celui que le sieur Antivari suppose, et au second elle se suffirait elle-même pour l'empêcher.“

Potsdam, 1er novembre 1749.

Je vous sais bon gré du compte que vous m'avez rendu par votre dépêche du 21 d'octobre passé des pourparlers qu'il y a eu entre le sieur Antivari et l'ambassadeur de France, dont j'ai trouvé les réponses fort solides à tous égards. Comme il faut que nous' soyons bientôt instruits de l'impression que la dernière réponse du ministère de Suède au sieur Panin aura faite sur la cour de Russie, nous verrons alors ce que l'on aura à attendre de celle-là, et si ceux-ci ont deviné juste qui présument que le chancelier Bestushew voudra continuer ses ostentations guerrières jusqu'à mort du roi de Suède, employer après cet événement ruses et menaces pour avoir une Diète, foire faire alors quelque mouvement aux



1 Vergl. S. 47. 84.