<162> les différents arrangements que la cour de Vienne prenait par rapport à l'Italie faisaient présumer qu'on y appréhendait la guerre. Qu'effectivement cette cour faisait recruter les trois régiments de dragons qu'elle y entretenait, chacun de 400 chevaux, qu'elle y envoyait directement tout ce que l'on assemblait de recrues, et que l'on assurait que six régiments de cavalerie avaient reçu' ordre de s'y rendre, dont deux étaient actuellement en marche. Comme d'un côté il n'est nullement à présumer que l'Impératrice-Reine voudrait dans le temps présent penser à faire une guerre offensive en Italie, et qu'il n'y a non plus de l'apparence qu'aucune puissance voudrait la troubler dans ses possessions-là, et que d'un autre côté il faut bien que la cour de Vienne ait des raisons pressantes pour faire ce remuement, la chose me paraît bien singulière C'est pourquoi vous devez y prêter votre attention et tâcher de pénétrer, là où vous êtes, quel peut être le dessous des cartes dans tout ceci, puisqu'il n'est point à douter que, s'il en est quelque chose, la cour de Vienne n'aura pas laissé d'en communiquer avec celle de Londres. Il se peut que la première ait appris quelque chose de la négociation qu'on dit être sur le tapis entre la France et la cour de Turin, et que, fort ombragée de là, elle ait pris des arrangements pour en faire montre: mais telles quelles en peuvent être les raisons, vous devez tâcher de les approfondir, sans vous faire cependant trop remarquer. Et comme, aussi, je vous ai déjà averti des soupçons qu'on a eus à l'égard du voyage du général autrichien comte Lucchesi qui va arriver à Londres, de ce qu'il pourrait être chargé d'une commission secrète de la part de sa cour à celle de Londres, et que ces soupçons, en combinant les circonstanceci-dessus mentionnées, deviennent plus forts, vous devez guetter de bien près ce comte Lucchesi, dès qu'il sera arrivé en Angleterre, pour être précisément instruit sur le sujet qui l'y amène, et s'il négociera là avec quelque ministre, de même quelles seront proprement les propositions qu'il fera. En quoi vous tâcherez, si vous le trouvez convenable, d'être secondé par l'ambassadeur de France et par vos autres amis.

Au reste, [je voudrais] apprendre de vous de quelle manière finira l'affaire de la convention à régler pour les dettes de la Silésie.

Federic.

Nach dem Concept.


3969. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 10 novembre 1749.

La dernière poste m'a apporté la relation que vous m'avez faite du 1er de ce mois. Vous pouvez tabler sur la réalité de l'avis que je vous ai donné confidemment des propos que le chancelier comte Ulfeld tenus au sujet du sieur Blondel et du baron de Beckers,'1 et que c'est



1 Vergl. S. 13S. 143.