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Le susdit ministre a lu à son ami le précis de cette déclaration et lui a fait entendre en même temps qu'on faisait monter ce corps de troupes jusqu'à 30,000 hommes, qu'on en embarquerait bon nombre sur les galères, et que ladite déclaration se faisait sur les instances et la réquisition d'une partie de la nation suédoise. Mon dit ministre ajoute qu'il avait lieu de douter d'autant moins de cette fâcheuse nouvelle qu'il avait toujours craint que le dessein du Chancelier ne fût de renverser le ministère présent de Suède, dessein qu'il se flattait, selon toutes les apparences, d'exécuter moyennant la susdite démarche, et qu'il y avait engagé sa souveraine sous prétexte que sans cela on ne serait jamais à l'abri de l'appréhension qu'on ne portât atteinte à la forme présente du gouvernement de Suède. Il remarque encore que sans doute ce plan avait été concerté avec les cours de Londres, de Vienne et, comme il croit, de Danemark, et que pour en faciliter l'exécution d'autant plus aisément, la cour de Russie tâchait de se faire autant d'alliés qu'il lui était possible, et d'attirer surtout la Saxe dans la ligue, en quoi elle ne manquerait pas de réussir.

Mais ce qui surprend le plus mon dit ministre, c'est que le Chancelier n'avait communiqué mot de tout ce que dessus au baron Hœpken.

Vous ne manquerez pas de communiquer tout ceci d'abord aux ministres de Suède, afin qu'ils puissent prendre leurs mesures là-dessus, et comme vous êtes à même de savoir au juste si actuellement le sieur Panin a reçu le courrier qui lui porte la déclaration susdite, j'attends avec bien de l'impatience ce que vous me manderez sur toutes ces nouvelles très fâcheuses et ce que l'on pourra espérer de la négociation avec le Danemark dans une situation aussi glissante et où la guerre paraît aussi bien que déclarée.

Federic.

Nach dem Concept.


3760. AU MARQUIS DE VALORY, ENVOYÉ DE FRANCE, A BERLIN.

[Potsdam], 19 juillet 1749.

Monsieur le Marquis de Valory. Voilà enfin le dénouement de la pièce qui nous a tenus jusqu'ici tous en suspens; car mon ministre en Russie, le sieur de Goltz, vient de me mander, par une dépêche datée du 30 du juin dernier, qu'un certain ministre d'une cour étrangère venait de lui confier, d'une manière à ne pouvoir douter de la réalité de l'avis, que la cour de Russie avait expédié le 8 ou le 9 de juin un courrier au ministre de Russie à Stockholm, le sieur Panin, chargé d'un assez ample mémoire signé des deux chanceliers de Russie et portant en substance la déclaration suivante …:

Que l'impératrice de Russie, vu la situation critique et périlleuse où la Suède se trouvait présentement, et en vertu des engagements pris