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4061. AU MINISTRE D'ETAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Berlin, 10 janvier 1750.

Votre dépêche du 30 de décembre dernier m'est bien parvenue. Il me paraît, à en juger par ce qui m'en revient ici, que les arrangements de finances de la cour de Vienne souffriront un grand échec et qu'ils s'en ressentent même déjà. C'est qu'on ne savait pas, là où vous êtes, ce que signifient les dépenses pour les marches de troupes et ce qu'il y faut.

Vous continuerez, au surplus, d'aller toujours à pas mesurés avec le sieur Blondel, et je verrai plus volontiers qu'il vous accuse de trop de réserve envers lui, que si vous vous comportiez trop hardiment et trop à cœur ouvert à son égard, puisqu'en ce dernier cas vous ne feriez que vous exposer à des quiproquo imprévus et fâcheux avec ce ministre de France.

Federic.

Nach dem Concept.


4062. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Berlin, 10 janvier 1750.

J'ai reçu vos dépêches du 26 et du 29 de décembre dernier. Je suis tout porté à croire que le marquis des Issarts n'a entrepris son voyage en France que simplement pour ses propres affaires particulières, et que d'ailleurs il peut avoir été chargé de la part de la cour de Dresde de tâcher s'il y a moyen de faire en sorte auprès de sa cour, afin qu'elle renouvelle son traité de subsides avec la Saxe.

Vous ne devez cependant point vous donner le moindre mouvement à cause de cela, mais vous laisserez aller cette affaire comme elle voudra, étant persuadé que la France se décidera d'elle-même à ne point donner, à l'avenir, des subsides à la cour de Dresde.

Il me paraît, au reste, que le ministère de France parle présentement d'un ton beaucoup meilleur qu'il ne l'a fait avant que le marquis de Puyzieulx maniât les affaires étrangères, et je souhaite seulement que le comte de Saint-Severin ne vienne point à mourir encore de sitôt.1

Quant à la réponse que vous avez donnée au comte Tyrconnell sur ce qu'il vous a dit de l'article qu'on avait mis sur son sujet dans une gazette de Hollande, je veux bien que vous sachiez qu'elle a toute mon approbation,2 d'autant plus que j'avais effectivement déjà pris mon



1 Vergl. S. 75.

2 Die in Rede stehende Stelle des Chambrier'schen Berichts vom 29. December lautet: „Le comte de Tyrconnell me parla de l'article qu'on avait mis sur son sujet dans une gazette de Hollande, savoir qu'il avait demandé d'être dispensé d'accepter la nomination que le roi de France avait fait de sa personne pour aller à Berlin. Celui-ci qui assère cela, me dit le comte de Tyrconnell, a eu sans doute ses raisons pour le faire; et pour que je sois mieux reçu, m'ajouta-t-il en riant. Je lui répondis que, si le gazetier y avait entendu finesse, il n'aurait pas sûrement satisfaction, parceque je pouvais l'assurer qu'il verrait par lui-même, quand il serait à Berlin, que le choix que Sa Majesté Très Chrétienne a fait de sa personne pour succéder au marquis de Valory, était très agréable à Votre Majesté.“