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du ministère de France que celui de Suède se dût servir de cet échappatoire, pour gagner seulement du temps et pour embarrasser le chancelier de Russie sur ses mauvais desseins.

Federic.

Nach dem Concept.


4101. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A LONDRES.

Potsdam, 3 février 1750.

La dépêche que vous m'avez faite à la date du 20 de janvier passé, m'a été fidèlement rendue. Dans les principes où est le premier ministre de Russie et en conséquence des instructions qu'il donne au comte de Tschernyschew, et par les suggestions que la cour de Vienne ne laisse pas de lui faire, il ne saura manquer que celui-ci ne donne à tous les mensonges et impostures qu'on lui fait parvenir relativement à la Suède, surtout dans la médiocrité de génie qu'on lui connaît et par où il donne légèrement dans tous les panneaux qu'on lui tend. Cependant les visions dont il en est imbu, sont trop ridicules pour qu'il en saurait imposer à quelque homme raisonnable et qui est tant soit peu à même de juger des affaires.

Je dois pourtant vous avertir qu'il m'est revenu de fort bon lieu, et d'une manière à y pouvoir presque compter, que les ostentations guerrières qui sont faites par la Russie ne sont pas soutenues par l'argent seul de cette puissance, et que l'Angleterre entre pour cette dépense et qu'elle en supporte sous mains une partie, soit que le roi d'Angleterre fournisse l'argent nécessaire pour cela de la liste civile, ou que son ministre trouve le moyen d'y suppléer par quelque autre endroit et sans que le Parlement soit obligé d'y donner son agrément d'une manière qui rende publique cette affaire. Bien que je connaisse toute l'étendue de la difficulté qu'il y a pour déterrer clairement un mystère tel que celui-ci, vous devez cependant tenter jusqu'à l'impossible pour vous en orienter, afin de me mander ce que vous en aurez découvert.

Au surplus, je dois vous dire pour votre direction que la France même est dans de forts soupçons que c'est le roi d'Angleterre qui, par l'argent qu'il fait fournir secrètement à la Russie, entretient sous mains les avanies que celle-ci a faites jusqu'au moment présent envers la Suède et ses alliés, et que dans cette supposition les ministres de France ont fait entendre assez clairement à l'Angleterre, de même qu'a la cour de Vienne, que ces deux puissances s'abuseraient grossièrement, si elles croyaient que la France demeurerait spectatrice de la guerre qui s'allumerait dans le Nord, ni qu'elle permettrait qu'elles fussent maîtresses de rester derrière le rideau, mais que la guerre, commencée dans le Nord, deviendrait générale peu de temps après, parceque la France entrerait dans les Pays-Bas et y pousserait aussi loin qu'elle le