<240> pourrait. Ce qui doit cependant vous servir pour votre unique direction et sans que vous deviez en faire apercevoir quelque chose à qui que ce soit.

Federic.

Nach dem Concept.


4102. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam, 3 février 1750.

La relation que vous m'avez faite du 23 du mois dernier, m'a été bien rendue. Mes ministres du département des affaires étrangères vous auront déjà instruit que la déclaration du sieur Panin, ministre de Russie à Stockholm, a été actuellement faite, quoique dans des termes assez modérés, que le principal objet de cette déclaration consiste qu'en conformité de l'article 7 du traité de paix de Nystad il soit expédié un acte solennel par les États de Suède par lequel ils doivent déclarer qu'ils ne changeront jamais la forme présente du gouvernement et qu'ils renoncent pour toujours au rétablissement de la souveraineté, en revanche de quoi la Russie voudra garantir par un autre acte solennel l'ordre de la succession à la couronne établi en Suède. J'ajoute à cela que je viens d'apprendre que la Russie, en communiquant cette déclaration à la cour de Vienne, a insisté en même temps que l'Impératrice-Reine s'expliquât catégoriquement sur combien de secours en troupes de sa part on pourrait compter en Russie en cas de besoin et en cas de refus de la part de la Suède, demande dont la cour de Vienne a paru être bien embarrassée.

Quant au soutien par argent que le ministère de France soupçonne qu'il a été fait à la Russie pour l'aider dans ses ostentations guerrières, j'avoue que, malgré toutes les peines que je me suis données jusqu'à présent pour en déterrer quelque chose, je n'ai pas pu y réussir; mais en supposant qu'il soit avéré que ce soit l'Angleterre qui en fournit à la Russie, je ne saurais m'imaginer que cela allât assez loin, parceque dans les circonstances désolées et embarrassantes où se trouve actuellement la nation anglaise, épuisée par les grands efforts qu'elle a faits dans la dernière guerre, elle ne voudra pas sans rime ni raison s'embourber dans une nouvelle guerre sur un sujet qui ne la regarde aucunement; et, quant au roi d'Angleterre, je doute presque que, quelque envie qu'il ait d'agrandir ses possessions en Allemagne, il veuille fournir du sien pour entrer dans une lice aussi hasardeuse, et dont ses provinces en Allemagne se pourraient fort ressentir. Malgré tout cela, il faut que j'avoue qu'il est fort difficile de deviner ce que dans la situation présente des affaires un ministre de Russie, entêté et furieux tel qu'il est le chancelier Bestushew, est capable d'entreprendre, et quoique je croie qu'il réfléchit beaucoup sur ce que l'Angleterre voudra faire dans ces occurrences, l'on pourra néanmoins se tromper avec un homme aussi enragé que ce Chancelier.