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4134. AU PRINCE DE PRUSSE A BERLIN.

Potsdam, 20 février 1750.

Mon cher frère. J'ai reçu votre lettre avec bien du plaisir; je vous vois tout occupé de finances; il est très bon que vous vous informiez de tout et que vous sachiez tout ce qui se passe, et vous me ferez même plaisir de vous y appliquer davantage; car un prince de cette maison qui, comme vous, est appelé à régner un jour, ne doit pas être novice dans ces matières. Il faut qu'il soit au fait de tout pour pouvoir travailler par lui-même, et toute l'étude que vous ferez à présent, vous abrégera autant de chemin dans l'avenir. Quoi que je puisse travailler, il restera encore après ma mort bien des bonnes choses à faire, et si vous êtes informé de l'intrinsèque des affaires, et que vous en connaissiez les combinaisons, vous pourrez avoir cette gloire. Ma lettre vous paraîtra trop sérieuse, mais, mon cher frère, il faut absolument faire des réflexions et vous préparer à l'emploi auquel le Ciel vous destine, et il ne faut jamais que le plaisir dérange les choses de devoir; elles sont les premières. On est aussi indifférent pour un homme mou que le monde estime l'homme utile, et quelque esprit qu'on peut avoir, on n'avance pas sans application. Mais il me semble déjà que ma morale vous ennuie très fort et que vous donnez le vieux frère au diable. Je n'en suis pas moins avec bien de l'estime, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.


4135. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION ERNEST-JEAN DE VOSS A DRESDE.

Potsdam, 21 février 1750.

Votre dépêche du 14 de ce mois m'est bien entrée. L'acquisition que fait la cour de Dresde en la personne du sieur de Rohwedel,1 n'est sans contredit pas bien grande et ne lui servira pas à faire de grands progrès dans ses nouveaux arrangements, si autrement cette cour-là veut bien s'en reposer sur lui, ledit de Rohwedel étant un homme bizarre et ayant la cervelle embrouillée de grand nombre d'idées, sans pouvoir donner consistance à aucune d'icelles.

J'attends, au reste, que les sujets saxons en viennent effectivement à quitter leur pays, et ce sera pour lors que la cour de Dresde ne tardera pas davantage de se ressentir beaucoup des tristes suites de la mauvaise administration de ses finances.

Federic.

Nach dem Concept.



1 Ehemaliger preuss. Geh. Rath, der jetzt zum Geh. Rath in der chursächsischen Finanzkammer ernannt worden war.