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4163. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam, 3 mars 1750.

M'étant déjà offert, par une de mes dépêches antérieures que je vous ai faites,1 de faire, conjointement à la France, cette déclaration aux cours de Londres et de Vienne dont la Suède vient de requérir la France, en conséquence de la dépêche que vous m'avez faite du 20 de février passé, je suis bien aise d'avoir prévenu la France à ce qu'elle me demande à ce sujet. Ainsi donc, vous devez dire au marquis de Puyzieulx, en accompagnant tout d'un compliment très obligeant de ma part, que je me conformerai avec bien du plaisir à ce que la France désirait de moi à cet égard, tant pour confirmer Sa Majesté Très Chrétienne sur la droiture de mes sentiments relativement à la conservation de la tranquillité du Nord et sur le désir sincère que j'avais de m'employer à tout ce qui saurait contribuer à ce but salutaire, que pour montrer à la Suède l'empressement où je suis de m'acquitter des engagements que j'ai pris avec elle par l'alliance faite entre nous. Qu'en conséquence je ferai parler mes ministres à Londres et à Vienne dans le même esprit que ceux de la France y parleraient, et conformément aux termes dont M. de Puyzieulx s'était avisé. Qu'outre cela, je donnerais mes ordres à mon ministre à Pétersbourg, pour qu'il ferait à la cour de Russie ces insinuations que la France souhaitait; mais qu'à ce sujet je laisserais à la considération de M. de Puyzieulx s'il ne conviendrait pas que la France chargeât aussi un de ses ministres, soit à Londres ou à Vienne ou à quelque autre cour^ pour qu'il fît là au ministre de Russie qui y résidait, une déclaration de la part de la France conformément à celle que je ferai faire à la cour de Pétersbourg; que j'étais persuadé que cela ne laisserait pas de faire bien plus de l'impression à celle-ci, que si je lui parlais seul.2

Vous ne laisserez pas d'appuyer sur ceci auprès de M. de Puyzieulx, quoique en termes polis, et de me marquer alors de qu'elle façon il s'expliquera là-dessus.

Comme il court à présent des bruits, que même les gazettes publiques confirment en partie, qu'il se fait divers arrangements qui paraissaient indiquer quelque concert pris entre la France, l'Espagne et le roi de Sardaigne, relativement aux affaires de l'Italie, parcequ'il y avait en Dauphiné un corps de troupes françaises sous les ordres du comte d'Estrées, disposé de la sorte qu'au premier ordre il saurait avancer, auquel cas il y avait un autre général de rang nommé pour le commander; qu'en attendant le roi de Sardaigne faisait une augmentation considérable parmi ses troupes, qu'une pareille augmentation se faisait en Espagne, et qu'on avait-des avis touchant une somme de quatre millions de piastres que la cour d'Espagne avait fait remettre à celle de Turin, j'avoue que je ne fais grand fond sur ces bruits;



1 Vergl. S. 248. 249.

2 Vergl. S. 273.