<283> lieu de décompter; car, outre qu'il est fort à présumer que l'Angleterre ne voudra pas entrer dans les vues de la Russie, pour ne pas se ruiner gratuitement, les Autrichiens, dans la position où ils se trouvent, y penseront également plus d'une fois, avant que de dégainer pour l'amour de la Russie et que de partager avec elle des hasards dont la cour de Vienne se ressentira peut-être plus que l'autre. Dans ces occurrences, ce qui reste à vous de bien approfondir, c'est si la Russie est assez à même de se charger elle seule de l'affaire et si elle a assez de fonds en argent pour entreprendre et soutenir une guerre contre la Suède — circonstance dont vous devez bien m'éclaircir, et qui me fera juger sur ce que l'on pourra attendre de la Russie ou non.

Federic.

Nach dem Concept.


4170. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A LONDRES.

Potsdam, 7 mars 1750.

Votre dépêche du 20 de février passé m'a été bien rendue. Comme la cour de Suède a remis à présent au ministre de Russie à Stockholm la réponse au mémoire que celui-ci lui a présenté, et que cette réponse est conçue d'une manière que la Suède n'a dû ni pu faire autrement, sur une proposition également contraire à sa dignité et à son indépendance, c'est à présent que vous avez à redoubler votre attention, pour bien approfondir ce que la cour de Russie fera insinuer, à ce sujet, à celle de Londres, et le parti que celle-ci prendra là-dessus, puisqu'il n'est point douteux que la Russie ne remue au possible, pour entraîner l'Angleterre à se déclarer contre la Suède ou à fournir, au moins, à la Russie les secours stipulés dans l'alliance faite entre elles. En attendant, moi et tous ceux qui s'intéressent pour la conservation de la tranquillité du Nord, avons lieu d'être content de la fermeté que la France fait apercevoir sur ce sujet, et j'apprends qu'elle a fait parler d'une manière forte et positive sur cette matière au comte d'Albemarle, de même qu'au ministre autrichien à Paris, de façon que, si ces ministres en font le rapport à leurs cours, celles-ci ne douteront pas que la France ne prenne un véritable intérêt à la conservation de la paix du Nord, et que, si elle vient à être troublée par l'entrée de la Russie dans les États de la domination suédoise, il en résultera infailliblement une guerre générale. L'on m'ajoute que le marquis de Mirepoix a reçu ordre de se déclarer de la même façon à Londres.

Comme je sais, de plus, que quand on a eu à Pétersbourg la nouvelle du changement qu'il y a eu en dernier lieu dans le ministère de Constantinople, on en a été bien ébranlé, et que d'ailleurs la cour de Vienne a reçu cette nouvelle à son grand regret, il ne me reste pour bien juger sur le pli que les affaires du Nord sauront prendre, que de savoir si le ministère anglais, malgré l'épuisement où l'Angleterre se