<352> ouvertement avec la Suède; et quoiqu'il voudrait la laisser dans l'incertitude là-dessus, il me semble cependant que, si l'intention du Chancelier était de vouloir tout de bon passer à des réalités contre la Suède, il faudrait qu'on fît déjà plus de préparatoires relatifs à de pareilles vues.

D'ailleurs mes dernières lettres de Suède m'ont appris une circonstance qui m'a paru assez singulière : c'est que le chancelier Bestushew, ayant fait inviter le sieur de Greiffenheim à dîner chez lui et lui ayant fait force de politesses, l'avait assuré à cette occasion que sa souveraine était entièrement disposée à contribuer de son côté pour que la tranquillité soit conservée dans le Nord; qu'il n'avait cependant fait aucune mention ni du mémoire de Panin, ni de la réponse de la Suède. Si on a accusé juste dans ceci, il me paraît presque que le Chancelier, ayant été averti de la déclaration que vous êtes chargé de faire, de même que de celle que le ministre de Danemark lui fera, a voulu s'expliquer d'une manière aussi doucereuse qu'il a fait envers le ministre, pour qu'il ne paraisse pas comme s'il avait été intimidé par les déclarations mentionnées, mais que, séparément de celles-ci, il avait déjà pensé à ajuster les différends avec la Suède.

Quant aux propos que le sieur Guy Dickens vous a tenus, je crois avoir lieu de présumer que ses instructions portent, d'un côté, de tenir pareil langage envers vous, et d'un autre côté, d'empêcher, au moins dans les circonstances présentes, que les choses ne viennent pas à une rupture ouverte entre la Russie et la Suède, et ce qui me confirme dans cette opinion, c'est que les vues principales des cours de Vienne et de Londres vont à présent de faire élire roi des Romains le fils aîné de la Reine-Impératrice, l'archiduc Joseph; affaire qui dans le moment présent est l'objet principal de leur attention et qu'elles ne voudraient pas voir traversée par une guerre au Nord, avant que cette élection ne fût menée à sa perfection. Voilà tout ce que j'ai à vous dire pour votre direction, en vous recommandant toujours cependant de veiller de bien près à ce qui se passe sur vos lieux.

Federic.

Nach dem Concept.


4269. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE ROHD A STOCKHOLM.

Potsdam, 21 avril 1750.

La relation que vous m'avez faite du ro de ce mois, m'a été bien rendue. Quelques favorables que paraissent les nouvelles que vous marquez, elles ne sauront pas encore me rassurer contre les appréhensions où je suis sur les mauvais desseins de la Russie vis-à-vis de la Suède, et rien me paraît plus mal fondé que la supposition dont le ministère de Suède se berce, comme si le chancelier Bestushew ne cherchait que des expédients pour sortir honorablement de la querelle qu'il a excitée