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3787. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 2 août 1749.

J'ai reçu la dépêche que vous m'avez faite du 22 de ce mois passé de juillet. N'envisagez point les arrangements militaires que la cour où vous êtes pourra prendre, comme des indices, peu propres pour juger de ses intentions secrètes, et considérez que, quoique l'Impératrice-Reine ne voudra pas se déclarer d'abord quand la guerre s'élèvera au Nord, elle ne saurait s'empêcher de fournir, malgré cela, des troupes auxiliaires à la Russie, vu les engagements qu'elle a contractés avec celle-ci, puisque sans cela la situation où la Russie se trouve présentement ne lui saurait pas permettre d'entreprendre quelque chose de considérable du côté de la Courlande. Ainsi je n'ai nul lieu de douter que, dès que la Russie voudra venir à des éclats de ce côté-là, elle ne réclame le secours de l'Impératrice-Reine, qui ne saura que fort difficilement se soustraire de l'en aider; aussi m'a-t-on appris qu'elle a effectivement fixé le nombre de 14,000 hommes, partie cavalerie, partie Croates, qu'elle enverra par la Pologne vers la Courlande, dès que les troubles y commenceront, et voilà les raisons qui vous doivent mouvoir d'avoir une attention particulière sur ce que la cour de Vienne fait d'arrangements militaires.

Au surplus, si cette cour-là réussit à duper le sieur de Blondel par ses prétendus sentiments pacifiques, elle ne parviendra point à en imposer au marquis de Puyzieulx. Comme d'ailleurs les affaires du Nord sont actuellement dans la plus grande fermentation, il faut qu'elles se décident dans le mois où nous venons d'entrer, pour qu'on puisse juger si la paix durera ou non. C'est pourquoi vous devez redoubler d'attention et m'informer bien exactement de tout ce qui viendra à votre connaissance relativement à mes intérêts.

Federic.

Nach dem Concept.


3788. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE GOLTZ A MOSCOU.

Potsdam, 2 août 1749.

Si le capitaine Stackelberg est effectivement ce prisonnier qu'on garde dans la maison du Chancelier de la façon que vous le marquez dans votre rapport du 10 du mois passé de juillet, j'avoue que je ne saurais comprendre quelles dépositions il saurait faire relativement à moi dont on pourrait faire usage pour m'en noircir encore dans l'esprit de l'Impératrice, puisque je n'ai jamais été en quelque relation particulière avec cet officier ni ne l'ai chargé d'aucune commission ni affaire de ma part; et d'ailleurs, je le crois encore trop honnête homme pour qu'il voudrait se prêter à des mensonges indignes.

Au surplus, dans les circonstances critiques où les affaires du Nord ont été jusqu'ici, il faut que le mois où nous venons d'entrer décide si