<78> que le Chancelier lui avait fait faire de lui payer à l'instant 30,000 roubles pour faire cesser ses poursuites. Ce Schuwalow ne s'est pas borné à porter à l'Impératrice des plaintes amères contre le Chancelier, il est allé plus loin et a présenté par écrit à la souveraine plusieurs chefs d'accusations très graves contre celui-ci, dont l'Impératrice a marqué son ressentiment au Chancelier dans des termes bien forts, de façon que, si cet incident n'entraîne pas la ruine de celui-ci, elle lui pourra faire perdre au moins pour longtemps la confiance que la souveraine lui a marquée jusque là.

Au surplus, si cet incident baisse le crédit du Chancelier à sa cour, mon espérance augmente de plus en plus que tout pourra se passer encore tranquillement au Nord, surtout quand j'y combine l'impression que le renouvellement de l'alliance entre la Suède et le Danemark, la déclaration de la Porte Ottomane faite au ministre de Russie à Constantinople, et, après tout, le manque d'argent en Russie doit naturellement faire sur cette cour-ci.

Federic.

Nach dem Concept.


3849. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE GOLTZ A MOSCOU.

Potsdam, 1er septembre 1749.

Avant que d'entrer en matière sur toutes les particularités intéressantes que vous me mandez dans votre relation ordinaire, cotée numéro 62, et surtout dans celle que vous y avez ajoutée pour moi seul, je veux bien vous dire que j'en ai été très content et que je suis bien satisfait de la manière dont vous entrez présentement dans le détail des affaires qui m'intéressent. Les conjectures que vous faites sur les desseins du Chancelier, par la demande que le sieur Panin a été chargé de faire à la cour de Suède, et sur les artifices qu'il y cache, me paraissent bien solides; mais, quoi qu'il en soit, je me persuade presque que l'événement de l'alliance renouvelée' entre la Suède et le Danemark, la déclaration que la Porte a faite au sieur Neplujew à Constantinople, la fermeté avec laquelle la France se déclare envers l'Angleterre au sujet des affaires du Nord, et le chagrin que le Chancelier doit naturellement ressentir de l'affaire avec le sénateur Schuwalow, l'arrêteront dans sa fougue et le feront réfléchir à ce qu'il ne doit point entamer une affaire qui, selon toutes les apparences, ne saurait qu'entraîner sa perte totale. Ainsi que je présume que, si la déclaration en question n'est pas encore faite, il n'en sera peut-être rien, ou au moins la fera-t-on dans des termes modérés, afin d'avoir lieu de se contenter de la réponse telle que la Suède la donnera.

Quant à l'affaire du Chancelier avec ce sénateur, je suis bien curieux d'apprendre de vous quelles en auront été les suites. Il serait bien à souhaiter qu'elle pourrait disposer le président de l'académie