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3869. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE VOSS A DRESDE.

Potsdam, 13 septembre 1749.

Les dépêches que vous m'avez faites des 2, 6 et 9, m'ont été bien rendues, chacune à son temps, et je suis très satisfait de l'exactitude avec laquelle vous m'avez instruit de tout ce qui s'est passé à l'égard de la déclaration que le roi de Pologne a faite lui-même aux députés des États de la Diète assemblée qui ont été obligés de comparaître devant lui.

Quoique les espérances que le comte Hennicke a données par rapport au payement de mes sujets qui ont à prétendre à la Steuer, ne soient pas tout-à-fait consolantes, je vois bien que ceux-ci seront obligés de faire vertu de nécessité, et je conviens avec vous que vous ne saurez faire mieux que de continuer à employer tous vos soins et peines pour tirer tant qu'il y aura moyen. Au surplus, j'attendrai le rapport que vous me promettez sur ce sujet, après que la Diète sera finie.

Puisque vous n'avez pu rien découvrir là où vous êtes, du contenu des dépêches que le comte de Keyserlingk a reçues par l'estafette qui lui est arrivée en dernier lieu, je crois pouvoir vous mettre assez au fait de ce qu'elles ont pu contenir, par des avis qui me sont parvenus de très bon lieu, et que je ne vous communique que pour votre direction seule et sous le sceau d'un secret absolu.

Il s'agit d'un plan que le comte de Keyserlingk a projeté et envoyé à sa cour pour faire une convention particulière entre les deux cours impériales et celle de Dresde. Il ne m'a pas été possible d'apprendre jusqu'ici quels sont proprement les articles de cette convention que le comte Keyserlingk a proposée; j'espère pourtant de l'apprendre encore. En attendant, je sais qu'elle roule principalement sur l'accession de la cour de Dresde au traité définitif fait et conclu entre les deux cours impériales l'année 1746, et que le comte Keyserlingk a joint à son projet plusieurs convenances particulières que les deux cours doivent faire à celle de Saxe, qui ont même excité quelque jalousie aux Autrichiens, en sorte que ceux-ci se plaignent d'un trop grand attachement du comte de Keyserlingk à celle de Saxe, et de ce qu'il s'en est ouvert au comte Brühl avant que d'avoir su les sentiments de sa cour là-dessus.

L'on a, de plus, enjoint au comte Keyserlingk de travailler de tout son mieux pour retenir la cour de Dresde qu'elle renouvelle le traité de subsides avec la France, quoique l'Angleterre ne voulût point se prêter à lui en fournir. L'on a encore ordonné au comte Keyserlingk de travailler de son mieux pour le soutien du crédit et du pouvoir du comte Brühl, et, au reste, de ne point soutenir le liberum veto en Pologne, quand cette affaire pourrait être mise sur le tapis.

Voici ce que j'ai bien voulu vous apprendre pour votre direction, en vous en recommandant encore une fois le dernier secret, avec défense