3836. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 26 août 1749.

Le contenu de votre dépêche du 16 de ce mois qui roule encore sur le caractère singulier et sur la façon toute particulière de penser du sieur Blondel, me porte à me remettre ici à ma précédente dépêche que je vous ai faite à son sujet, et à vous avertir derechef d'être bien sur vos gardes avec cet homme, de conserver les dehors avec lui, mais, pour le reste, de vous comporter fort prudemment dans les insinuations que vous aurez à lui faire, en mesurant le tout de manière que cet étrange homme n'en puisse prendre occasion de vous blâmer auprès de sa cour comme si vous cherchiez à aigrir la cour de Vienne pour tâcher de la commettre avec la France, article sur lequel le ministère de France est extrêmement délicat. B vous sera permis, au reste, et je serai bien aise que vous vous procuriez par vos bonnes manières envers le sieur Blondel toutes les connaissances qu'il vous sera possible d'acquérir par le canal de ce ministre de France.

A ce qu'en disent mes dernières lettres de Suède, le ministre russien n'y doit pas encore avoir fait de déclaration ni même touché préalablement la moindre chose qui y fût relative. Si ce silence est encore<71> de durée, je serais assez tenté de croire que le comte d'Ulfeld ne fait envisager les affaires du Nord au sieur Blondel que sur un pied à le persuader que la cour de Vienne faisait de son mieux, afin de s'emparer de la médiation entre la Russie et la Suède, et qu'il voudra le faire prendre ensuite à la Russie comme un service qui devait lui importer autant que si elle avait réellement été assistée en guerre par la cour de Vienne, qui de son côté s'en croirait d'autant plus en droit à lui demander, à son tour, des services, alors que des occasions s'y présenteraient.

Federic.

Nach dem Concept.