3840. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE GOLTZ A MOSCOU.

Potsdam, 26 août 1749.

Nonobstant tout ce que vous me dites de bon dans votre dépêche du 4 de ce mois, à l'occasion de l'aversion de l'Impératrice pour une guerre, et que je souhaite que la suite du temps justifie les assurances<73> que vous me donnez à ce sujet, je ne saurais pourtant presque me figurer que les affaires du Nord, vu l'état compliqué dans lequel elles se trouvent, dussent être composées aussi tranquillement; car, quoiqu'il pût arriver que l'Angleterre ne voulût fournir à la Russie les frais nécessaires pour une guerre contre la Suède, je vous donne à considérer si le Chancelier pourrait se voir empêché par là de faire entrer un corps de troupes dans la Finlande suédoise, en vue de l'y faire subsister à discrétion, pour diminuer ainsi fort considérablement les frais de la guerre.

Ce qui, outre cela, me donne à penser, c'est que l'Impératrice, comme le portent les avis que je vous fais communiquer par mon département des affaires étrangères,73-1 a tout-à-coup, et sans que personne s'y attendît, pris la résolution de retourner à Pétersbourg, et je me souviens que dans la convention secrète qui a été signée au commencement de la présente année entre les deux cours impériales,73-2 il se trouve un article qui porte expressément qu'en cas que l'importance des conjonctures le demande, l'impératrice de Russie voulait retourner alors à Pétersbourg, pour être ainsi plus à portée de recevoir les communications nécessaires, afin de pouvoir donner ses ordres en conséquence. Vous ne sauriez donc mieux faire que de redoubler d'attention de tâcher de vous mettre au fait de tout et de m'en faire souvent vos rapports.

Au surplus, le sieur de Panin, à ce que disent mes lettres de Suède, ayant reçu un courrier de Moscou, j'attends à savoir si, comme le bruit en a couru depuis longtemps, il aura enfin fait une déclaration de la part de sa cour à celle de Suède, et ce qu'elle aura porté en substance.

Federic.

Nach dem Concept.



73-1 Das petersburger Postamt hatte das zu Memel aufgefordert, die Briefschaften für Bernes, Hyndford und Funcke nicht mehr nach Moskau, sondern nach Petersburg zu senden.

73-2 Vergl. Bd. VI, 470.