3923. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE GOLTZ A MOSCOU.

Potsdam, 14 octobre 1749.

C'est avec satisfaction que j'ai vu les détails intéressants que vous m'avez mandés par vos dépêches à la date du 22 de septembre. Je me remets cependant à ce que je vous ai marqué de particularités par ma lettre précédente, auxquelles je n'ai rien à ajouter sinon que vous pouvez compter que les Anglais ont fort dissuadé la cour de Russie, par leur ministre Hyndford, de ne point venir aux extrémités avec la Suède, et que les remontrances de celui-ci ont tant opéré sur le Chancelier qu'il a déclaré assez intelligiblement que la Russie ne commettrait aucune hostilité contre la Suède.135-1 Ce que je ne vous dis cependant que pour votre direction seule, avec ordre de me garder le secret là-dessus, de même que sur ce que je vous ai déjà mandé sur ce sujet. En conséquence de tout ceci, je regarde comme une fanfaronnade toute pure la déclaration qu'on a fait faire aux ministres étrangers là où vous êtes relativement au voyage que l'Impératrice ferait à Pétersbourg, au cas que les affaires le demanderaient, avec une petite suite,135-2 et je présume que — que l'événement de la mort du roi de Suède arrive ou non — la Russie n'entreprendra rien contre la Suède et se bornera aux ostentations. Dans toutes les choses du monde il y a un certain moment favorable ou l'heure du berger: si l'on s'en saisit dès qu'il se présente, l'on peut espérer de réussir, mais si l'on le laisse échapper, l'on ne le retrouve guère, et toutes les bonnes raisons qu'on a eues pour l'entreprise ne valent plus rien. C'est le cas où se trouve la Russie, et le moment qu'elle eut dû saisir pour réussir dans ses vues relativement à la Suède, est passé. J'ajoute encore qu'autant qu'il me paraît à cette heure, et que tous les avis que j'ai d'ailleurs me le confirment, il y a eu dans tout le fait de la Russie plus de démonstration que de réalité.

Au reste, j'approuve fort que vous ayez déclaré à l'ami connu d'absurdes, de ridicules et de controuvés comme ils le sont effectivement, les bruits qui ont couru d'une nouvelle triple alliance entre la France, la Suède et moi135-3 et les articles qu'on en a débités.

Federic.

Nach dem Concept.

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135-1 Dieselbe Mittheilung erhält unter gleichem Datum Klinggräffen in London.

135-2 Vergl. Bd. VI, 303.

135-3 Vergl. S. 101 ff.