3930. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE GOLTZ A MOSCOU.

Potsdam, 18 octobre 1749.

Je compte que mes deux dernières dépêches vous auront désabusé des soupçons où vous paraissez d'être encore dans la vôtre du 25 du mois dernier, comme si le ministre anglais et celui de Vienne n'allaient pas de bonne foi dans les insinuations pacifiques qu'ils faisaient au chancelier de Russie, et qu'ils faisaient peut-être sous main des insinuations tout opposées. Comptez sur les avis que je vous ai donnés du contraire. Le système présent de l'Angleterre est de ne vouloir point de nouvelle guerre, après qu'elle s'est tant épuisée par la dernière dont elle vient de sortir, et la cour de Vienne n'a pas non plus envie de se voir embarquée dans quelque nouvelle guerre, avant qu'elle n'ait consolidé les arrangements qu'elle fait dans l'intérieur de son pays Quoique cette cour agisse avec beaucoup de ménagement envers celle de Russie, elle verrait néanmoins à contre-cœur, si la Russie rompait avec la Suède hors de saison. L'on taxe en Angleterre la déclaration que le sieur Panin a faite à Stockholm, comme la plus fausse démarche que la Russie eût pu faire, et l'on déclare hautement que, quelque chose qu'il en pourrait arriver, l'Angleterre n'y entrerait pour rien. Mais quelque semblant que le chancelier Bestushew fasse comme s'il voulait pousser sa pointe, je sais de bon endroit qu'il se prête de plus en plus aux insinuations pacifiques qu'on lui fait, et qu'il a donné assez clairement à entendre que la Russie ne parviendrait à aucune hostilité avec la Suède, sans s'être préalablement communiquée avec ses alliés, et que les troupes russiennes ne sortiraient point des confins de la Russie; particularités dont je vous informe pour votre direction seule, et même avec défense d'en rien toucher dans les dépêches que vous ferez, sinon dans celles que vous m'adresserez immédiatement.

Au surplus, je m'aperçois de plus en plus que le digne ami n'est guère tout-à-fait bien instruit des affaires et que son antagoniste lui en dérobe la connaissance des plus importantes.

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Comme l'on me marque que la cour de Dresde doit faire par le sieur Funcke des instances assez pressantes pour le rétablissement du comte Biron dans la dignité ducale de Courlande,141-1 vous devez tâcher de vous orienter sur ce qui en peut être et me marquer si ce que l'on en débite est fondé ou non, et, au premier cas, quelles sauront être les vues de la Saxe à cet égard.

Federic.

Nach dem Concept.



141-1 Vergl. S. 82.