3935. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A FONTAINEBLEAU.

Potsdam, 20 octobre 1749.

J'ai reçu votre rapport du 9 de ce mois. Je comprends fort bien les raisons que vous m'indiquez pourquoi la France souhaite tant la paix, et vous pouvez être assuré que, de mon côté, rien ne me serve plus désirable que de pouvoir éviter la guerre, et que c'est le plus grand objet de mes vœux. Autant que je puis juger par tout ce qui m'est revenu jusqu'ici par rapport aux affaires du Nord, j'ai tout lieu de présumer que pour cette fois-ci les différends entre la Suède et la Russie se pourraient bien apaiser, et il me semble d'ailleurs que, quand même le roi de Suède viendrait à décéder, tout pourrait se passser tranquillement.

En attendant, le ministère de France ne saura faire rien de mieux que de tenir en haleine la Porte Ottomane contre la Russie et de<143> l'animer à être attentive sur les affaires du Nord. Car vous pouvez compter sûrement que, si entre ici et cinq ans la cour de Vienne ne se trouve embarrassée de quelque incident et qu'elle garde les bras libres, elle m'entamera indubitablement alors et tâchera d'allumer un nouveau feu de guerre, ce dont tous les arrangements qu'elle fait actuellement me sont de sûrs garants. Mais quoi qu'il en soit, je crois que dans le moment présent une nouvelle guerre convient aussi peu à la France qu'à toute l'Europe.

Federic.

Nach dem Concept.