4242. RÉPONSE DU ROI AU MÉMOIRE QUE LE SIEUR DE WULFWENSTJERNA, MINISTRE DE LA SUÈDE, ET LE COLONEL BARON DE SCHEFFER LUI ONT PRÉSENTÉ DE LA PART DE LA SUÈDE.332-1

Potsdam, 12 avril 1750.

Nous sommes sensibles autant que l'on peut l'être aux marques d'amitié et de confiance que Sa Majesté le roi de Suède nous témoigne dans toutes les occasions, et principalement dans celle-ci, où il s'agit d'un point si important pour la sûreté de son royaume et pour le maintien de la balance du Nord.

Si nous croyons avoir mérité en quelque manière cette confiance, par l'empressement que nous avons eu dans toutes les occasions de concourir aux mesures que Sa Majesté Suédoise a jugées les plus convenables à ce but, nous espérons de nous en rendre encore plus dignes par la sincérité et la cordialité de nos procédés.

Nous réitérons, comme nous l'avons fait souvent, les assurances de remplir religieusement la teneur de nos traités, en fournissant à la Suède le secours que nous lui devons au cas qu'elle soit attaquée; mais nous sommes en même temps de l'opinion que ni nous ni la Suède ne pouvons prendre jusqu'à présent d'autres mesures que celle d'une bonne défensive.

Ce qu'on avance ici, est si vrai que ceux qui connaissent la Finlande, conviendront des difficultés insurmontables qui se trouveraient de forcer Wibourg, place d'autant plus importante que, sans s'en être rendu maître, les opérations des Suédois ne se réduiraient à rien.

A l'égard de la Prusse, il se trouve des difficultés plus fortes encore qui empêchent l'offensive en Livonie, savoir la nature sèche du pays qu'il faut traverser, sans que le cours d'aucune rivière ne favorise le transport des subsistances, sans que les bêtes de charge et de somme dont on aurait besoin pour conduire ses vivres, puissent y trouver du pâturage suffisant; la nature des diversions que les Russes seraient en état de faire au moyen de leurs Tartares par la Pologne, qui empêcheraient toutes les subsistances des derrières de suivre l'armée.

Le seul moyen qui pourrait rendre cette entreprise possible, ce serait d'avoir suffisamment de vaisseaux pour transporter les vivres en rangeant les côtes; mais ce moyen exige lui-même pour préalable que la flotte suédoise se procure une entière supériorité sur celle des Russes.332-2 Selon notre sentiment, ce n'est que par mer que l'on peut parvenir à porter des coups dangereux à cette puissance, et les opérations des armées de terre ne peuvent se régler solidement qu'après le succès qu'auront eu celles de mer.

Après avoir examiné les moyens qu'ont les alliés de rendre offensive une guerre qui de sa nature est défensive, il n'est pas hors de<333> propos de faire quelques réflexions sur la position où se trouvent respectivement tous les alliés.

Les Suédois n'ont que 24,000 Russes333-1 sur les frontières de la Finlande, et, s'ils portent le corps de troupes que commande le sénateur Rosen333-2 à un nombre égal, il paraît qu'ils pourront se défendre avantageusement, un peuvent, de plus, par le moyen de leurs vaisseaux et galères, empêcher les Russes333-3 de faire quelque débarquement à leur dos, de sorte que, s'ils ne font pas des fautes capitales et contraires aux règles de l'art militaire, il n'est point à craindre qu'ils essuient des revers.

Nous nous trouvons dans une situation plus embarrassante. Nous avons 40,000 Russes sur les frontières de la Prusse qui, dès que nous aurons fourni à la Suède les secours stipulés, nous attaqueront, selon que nous le savons avec sûreté. La Reine-Impératrice333-4 rassemblera en même temps une armée de 60,000 hommes, à laquelle 20,000 Hongrois se joindront, afin de nous entamer du côté de la Silésie. Les Saxons, de plus, alliés ou, pour mieux dire, esclaves des Russes, seront obligés de se mettre de la partie, de sorte que nos forces seront occupées de tous les côtés, et que, bien loin de pouvoir nous engager dans de trop vastes projets, nous aurons bien de la peine à nous soutenir nous-mêmes contre des puissances aussi formidables qui nous attaquent; et nous en imposerions à la Suède et à nos alliés, si nous avancions des choses sur lesquelles ils ne pourraient réellement pas compter.

Quant à la France,333-5 l'on pourrait désirer qu'elle fît la conquête de la Flandre, ce qui obligerait l'Impératrice-Reine d'envoyer des troupes pour la défense des ses États, effort que les Puissances maritimes exigeraient d'elle à tout prix. En supposant que les choses tournassent au plus mal en Suède, la France aurait un moyen assuré en mains pour rétablir les choses en Suède comme elles devraient être.

Après ces idées, que nous hasardons simplement, il paraît que ce que nous devrions tâcher d'effectuer avec le plus d'empressement, serait de tirer des secours du Danemark, qui, par le moyen de ses vaisseaux, pourrait nous procurer la supériorité sur mer et, par conséquent, sur terre; ce serait de nous assurer de l'assistance de la Porte, qui, par le moyen d'une diversion, nous donnerait le moyen de respirer; ce serait, de plus, d'entretenir la France dans les dispositions favorables dont elle nous a donné des marques si efficaces, nous en remettant toutefois à elle de la manière dont elle jugera à propos de soutenir ses alliés, dont les intérêts — du moins ceux de la Prusse et de la Suède — paraissent inséparables de ceux de cette monarchie.

La réflexion que nous faisons sur le corps d'auxiliaires de 9,000<334> hommes334-1 que nous sommes obligés de fournir à la Suède en conformité de notre traité, mais que la Suède serait obligée de nous renvoyer, dès que nous en aurions besoin pour notre propre défense, nous a fait venir l'idée334-2 s'il ne valait pas mieux que nous donnions, une fois pour toutes, un corps de troupes auxiliaires à la Suède de 6,000, qu'elle garderait pendant tout le cours de la guerre, et que nous nous servions alors de ce que nous avons de troupes pour notre défense.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei. Das Concept „Réponse à la Suède“ eigenhändig.



332-1 Vergl. S. 326.

332-2 Das eigenhändige Concept des Königs zu dieser Denkschrift hat: Moscovites.

333-1 Im Concept: Moscovites.

333-2 Vergl. S. 66.

333-3 Im Concept: Moscovites.

333-4 Im Concept: La reine de Hongrie.

333-5 Statt des folgenden Absatzes stehen in dem eigenhändigen Concept des Königs nur die Worte: „NB. Article de la France, lettre à Valory (vergl. Nr. 4244). La conquête de la Flandre.“

334-1 Der Schluss lautet in dem eigenhändigen Concepte: „NB. La proposition de changer les auxiliaires de 9 à 6,000 hommes.“

334-2 Vergl. S. 320.