4328. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE ROHD A STOCKHOLM.

Potsdam, 26 mai 1750.

J'accuse votre dépêche du 15 de ce mois. Comme le colonel baron de Scheffer vient de retour de Stockholm pour aller à Paris, il a témoigné à moi de la part de la cour de la Suède combien on y était sensible aux ouvertures confidentes que j'avais faites sur le concert d'opération384-1 proposé par le ministère de Suède, en cas de guerre avec la Russie, et qu'on ne discontinuerait point d'employer tous les soins pour mettre la Finlande en bon état de défense et de se procurer la supériorité par mer à l'égard de la Russie, quoiqu'on éviterait soigneusement tout ce qui saurait donner lieu aux imputations comme si la Suède nourrissait des vues offensives. Comme j'avais d'ailleurs fait la proposition à la Suède de lui donner en cas d'attaque 6,000 hommes, au lieu des 9,000 stipulés par le traité d'alliance, à condition de les garder tant que la guerre durerait, quand même elle deviendrait commune, on a répondu par ledit colonel que la cour de Suède y entrait également et préférerait même l'évaluation de ce secours en argent. J'ai jugé à propos d'accepter cette proposition, pour éviter bien des embarras qui en résulteraient indispensablement à l'égard de la marche et du transport de ces troupes, si le cas venait à exister qu'il faudrait les envoyer<385> en Suède, et ferai faire cette évaluation en argent, afin de me régler là-dessus avec la Suède.

Voilà ce que j'ai bien voulu vous dire, quoique pour votre direction seule encore. Au surplus, ce que je trouve le meilleur dans toute cette affaire, c'est que je crois que nous n'aurons guère plus à appréhender la Russie, étant d'ailleurs persuadé qu'on ne saurait trop compter sur les arrangements qu'on a faits en Suède pour repousser la Russie en cas d'insulte.

Federic.

Nach dem Concept.



384-1 Vergl. S. 332.