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4642. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Berlin, 24 novembre 1750.

La dernière dépêche que vous m'avez faite, sous n° 91, ne m'offrant rien sur quoi je saurais vous donner quelque éclaircissement ou nouvelle instruction, je me borne cette fois-ci pour vous dire que m'étant à la fin déterminé de vous donner pour successeur à votre présent poste le conseiller privé de Klinggræffen qui est de retour d'Hanovre, l'on travaille actuellement à ses instructions,1 de façon que j'espère qu'il sera à même de partir pour Vienne dans dix ou quinze jours. Au surplus, je ne vous dis ceci que pour votre seule direction, sans que vous en deviez déclarer quelque chose avant que d'avoir reçu mes ordres ultérieurs là-dessus.

Federic.

Nach dem Concept.


4643. AU CONSEILLER DE LÉGATION WARENDORFF A SAINT-PÉTERSBOURG.

Berlin, 24 novembre 1750.

Je viens d'apprendre dans ce moment que le courrier russien dont je vous ai parlé dans ma dépêche, a apporté au sieur Gross l'ordre de se rendre sans délai à Pétersbourg et de partir dans une huitaine de jours au plus tard. Quoique ce ministre n'en ait pas sonné jusqu'ici le moindre mot et que cette nouvelle ne me soit parvenue qu'indirectement et par le bruit de ville, elle n'en est pas moins sûre pour cela. Il n'y a que les véritables circonstances d'un départ si précipité sur lesquelles il me faille encore suspendre mon jugement. Il reste en effet à savoir si c'est un rappel dans les formes ou simplement une permission; si le sieur Gross doit quitter ma cour sans prendre congé; s'il y laissera un secrétaire, ou si le dessein du Chancelier est de couper court à toute correspondance. J'avoue cependant qu'en combinant cette nouvelle avec la façon de penser du comte Bestushew, avec les plaintes que le sieur Gross a portées contre moi au sujet de ce qui s'est passé l'été dernier à Charlottenbourg,2 avec la conduite singulière qu'il a tenue depuis ce temps-là, avec le mystère qu'il fait de son départ, quoiqu'il y ait déjà plusieurs jours qu'il en est instruit, et surtout avec ce que certain ami vous a confié, il y a quelque temps,3 on doit naturellement s'attendre à quelque nouvelle incartade de la part du Chancelier, et je crois qu'on ne se trompera guère en cavant au plus fort avec un homme de sa trempe.

Je ne saurais me figurer à la vérité que ce ministre osât pousser sa rage jusqu'à violer le droit des gens en se saisissant de vos papiers; cependant, comme il est de la prudence de prendre toutes ses précau-



1 Vergl. S. 152.

2 Vergl. S. 61.

3 Vergl. S. 131. 132.