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4657. AU COMTE DE TYRCONNELL, MINISTRE DE FRANCE, A BERLIN.

Potsdam, 30 novembre 1750.

Milord. Après avoir pensé sur les différents mémoires que vous m'avez communiqués de la part de votre cour, je veux bien vous dire que, quant à la lettre à écrire, selon les intentions de votre cour, à l'électeur de Mayence, il me paraît qu'il serait prématuré encore d'écrire telle lettre à cet Électeur,1 et qu'il faudrait plutôt attendre quil s'arrangeât à faire les lettres circulaires aux Électeurs pour les convoquer à constater l'élection d'un roi des Romains. On pourra bien être averti quand cet Électeur s'arrangera à faire expédier ces lettres, et je crois que celle que je dois faire, conformément aux intentions de votre cour, arrivera alors toujours assez à temps, quand elle arrivera trois ou quatre semaines avant le temps que l'Électeur voudra faire ses lettres de convocation.

Pour ce qui regarde le traité à faire entre moi et l'Électeur palatin relativement à de certaines convenances à stipuler à l'occasion de nos voix à donner, au sujet de l'élection de l'archiduc Joseph, j'y donnerai bien les mains, mais il faudra que préalablement on en consulte avec l'Électeur palatin, afin qu'il s'explique sur ses conditions à faire, et qu'il fît d'ailleurs en sorte qu'on ne les trouvât pas tout-à-fait inacceptables.

Quant à la cession de Hotzenplotz, je crois bien qu'on saurait obliger la cour de Vienne de se prêter à m'en faire la cession; mais comme la chose n'importe guère, et que d'ailleurs je voudrais bien agir généreusement envers la cour de Vienne au sujet de ma voix à donner, je serais bien aise aussi de faire voir à tous les États de l'Empire que ce n'est nullement par un motif d'intérêt que j'agis dans cette affaire, mais uniquement pour maintenir les lois, les constitutions et les libertés de l'Empire.

Au reste, je n'ai point d'autres prétentions à la charge de la cour de Vienne; car pour ce qui regarde l'affaire de la garantie de l'Empire sur mes possessions de la Silésie, les dettes particulières hypothéquées sur cette province et quelques convenances par rapport à son commerce,2 ce sont des objets dont je pourrai convenir séparément avec la cour de Vienne.

Sur ce qui concerne la condition à faire pour assurer la tranquillité du Nord et pour obliger la cour de Vienne à faire entrer celle de Russie dans des dispositions pacifiques,3 je regarde une pareille proposition très bonne et salutaire; mais j'ai lieu de douter que les cours de Londres et de Vienne soient assez maîtresses de celle de Russie pour lui faire accepter cette proposition, sachant d'ailleurs qu'elles ne voient pas de trop bon œil que la Russie pousse trop loin contre la Suède; ainsi que le succès de la proposition me paraît équivoque. Nonobstant



1 Vergl. S. 138.

2 Vergl. S. 163.

3 Vergl. S. 173.