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Je vous prie très instamment de me garder religieusement le secret de tout ceci. En attendant, j'en crois entrevoir que la cour de Vienne ne s'expliquera point sur le contenu dudit précis, ou, si elle le fait, elle ne répondra que vaguement; que d'ailleurs elle poussera son projet d'élection d'un roi des Romains, en se fiant sur les ostentations que la Russie fera en Courlande, sans faire attention ni sur la France, ni sur moi et le Palatin; ainsi que, selon moi, il n'y aura rien de meilleur à faire pour la France que d'attirer dans ses intérêts l'électeur de Cologne, et, quant à moi, de tâcher de finir au plus tôt les traités de subsides qu'il conviendra à faire avec le duc de Gotha1 et d'autres princes encore, pour fortifier notre parti en Allemagne. Sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung im Archiv des Auswärtigen Ministeriums zu Paris.


4766. AU COMTE DE TYRCONNELL, MINISTRE DE FRANCE, A BERLIN.

Potsdam, 6 février 1751.

Milord. Mes avis continuent que le sieur Williams ne cesse point de jeter feu et flammes au sujet de l'entretien que j'ai eu avec le comte de Puebla, et qu'il n'hésite pas de dire à ses plus confidents que, pour se venger du peu d'accueil qu'il avait eu auprès de moi et de ce que j'avais demandé son rappel, il avait représenté cette affaire à sa cour sous une face aussi hideuse qu'il en saurait espérer qu'elle ne resterait pas sans suites et que sa cour de concert avec celle de Vienne la relèveraient fortement. Quoique je n'en sois guère en peine, j'ai cependant voulu vous faire part de ces particularités, afin que vous avisiez, Milord, s'il ne conviendra que vous avertissiez confidemment votre cour de tous ces manèges et de ces trames noires et que vous lui proposiez de vouloir bien instruire ses ministres à Londres et Vienne pour donner des explications convenables à ce sujet et pour les désabuser des fausses et sinistres impressions que des gens aussi mal intentionnés que le sieur Williams leur ont voulu faire. Je remets ceci à votre jugement et à votre pénétration. Et sur ce, je prie Dieu etc.

Je ne crois pas, Milord, le Roi mon oncle aussi fou que son ministre; mais, ne perdant point de vue mon système pacifique, pour plus de sûreté je souhaiterais beaucoup que M. de Mirepoix fût instruit par sa cour de la tracasserie que l'on pourrait me faire, pour, en cas de besoin, faire sentir en Angleterre qu'on n'a pas droit de se formaliser d'une conversation, et que ce serait de la part de la cour de Vienne et de celle de Londres donner une marque éclatante de leurs mauvais desseins sur l'Allemagne que de trouver mauvais que les pre-



1 Vergl. S. 207.