<330> troupes, et d'autres encore, pour les entretenir sur un pied complet, et encore pour les assembler, il est difficile de concilier ceci avec l'épuisement des fonds ci-dessus mentionné, à moins que toutes ces prétendues opérations militaires ne soient qu'une illusion pour jeter de la poudre aux yeux des autres, ou qu'il n'y ait quelque mystère ou quelque négociation cachée avec une puissance qui fournit à de pareils frais. Ce que vous tâcherez de me bien expliquer.

Pour ce qui regarde au reste le comte de Tottleben, vous devez lui répondre qu'il n'aura qu'à venir à Berlin et s'adresser là à moi, et que je lui accorderai ma protection, quand il viendra s'établir dans mes États et y placer le bien de sa femme.

Federic.

Nach dem Concept.


4888. A LA REINE DE SUÈDE A STOCKHOLM.

Potsdam, 16 avril 1751.

Ma très chère Sœur. Dans ce moment je viens d'apprendre la grande nouvelle du jour,1 que vous me confirmez par votre lettre. Vous êtes bien persuadée de la part que j'y prends et surtout des applaudissements sincères que je donne à la conduite sage du nouveau Roi.

C'est à vous à présent, ma très chère sœur, à consolider un ouvrage si heureusement commencé, en réunissant tous les esprits. Vous possédez si bien les talents de gagner les cœurs que vous n'avez qu'à vouloir pour être sûre de réussir. Vous comprenez mieux que je ne pourrais vous le dire, la nécessité qu'il y a de réunir autant que faire se peut tous les partis, et certainement ce sera le moyen le plus sûr de raffermir sur vos têtes la couronne qu'on vient d'y poser. Si je m'étends moins en compliments qu'en réflexions, ne l'attribuez qu'aux tendres sentiments que j'ai pour vous et pour le nouveau Roi. Souvent les personnes qui voient les choses d'un certain point de vue, sont capables d'ouvrir d'utiles avis, et j'aime mieux en ce moment présent vous servir que de vous complimenter. Je vous conjure donc, ma très chère sœur, de ne pas perdre de vue la Diète qui doit s'assembler au mois de septembre, et de réunir autant que vous pourrez les esprits; car je répète,2 ce n'est ni le Sénat, ni les États qui sont vos ennemis véritables, ce ne sont que les Russes, auxquels vous en imposerez facilement, aussitôt qu'ils verront attachée à vos personnes la plus nombreuse et la plus respectable partie de la nation. Je vous conjure d'y penser d'autant plus sérieusement que, dans un commencement de règne, les premières démarches deviennent décisives, et que, si vous ne profitez pas du moment présent, vous aurez bien plus de peine à gagner avec le temps les esprits que vous aurez négligés à présent.

Pesne copiera le tableau de Charlottenbourg du feu Roi, et je



1 Der Tod des Königs Friedrich von Schweden, 5. April.

2 Vergl. S. 290.