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Je ne doute point, mon cher frère, que votre présence ne fasse un bien infini à votre régiment de cavalerie. Pourvu qu'ils ne ménagent pas les vieux chevaux et qu'ils fassent toutes les manœuvres de la façon qu'elles leur sont si clairement prescrites, ils ne pourront manquer d'être en bon ordre et en état de combattre du jour au lendemain. Je suis si occupé qu'il ne me reste que le temps de vous embrasser et de vous assurer de la tendre amitié avec laquelle je suis inviolablement, mon très cher frère, votre fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.


4891. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

Potsdam, 17 avril 1751.

Je vous sais tout le gré imaginable des particularités que vous m'avez marquées par votre rapport du 15 de ce mois au sujet du décès du roi défunt de Suède.

J'ai fort applaudi à la généreuse résolution que le Roi régnant a prise d'abord de rassurer par sa déclaration les différents partis de la Suède, en sorte que sa proclamation s'est passée tranquillement et avec un applaudissement général. Il faut espérer que cette déclaration prospèrera auprès de la cour de Pétersbourg, puisqu'elle épuise effectivement tout ce que celle-ci aura dû raisonnablement attendre de la Suède. Elle désaveuglera d'ailleurs le ministère britannique des suppositions fausses dont sans doute la cour artificieuse de Vienne et ses adhérents avaient imposé au roi d'Angleterre, et dont celui-ci avait imposé encore à son Conseil, en m'attribuant malicieusement, à moi et au Roi régnant de Suède, des desseins auxquels nous n'avions jamais pensé. Enfin je crois pouvoir me flatter que cet évènement pourra nous conserver la tranquillité du Nord.

Je viens de recevoir la représentation que vous m'avez faite et que je vous renvoie ci-close, touchant l'affaire de la comtesse Bentinck, sur laquelle je vous dirai qu'après avoir abandonné l'arrangement de cette affaire en toutes ses circonstances à vos soins, je ne m'en mêlerai plus directement et laisserai faire là-dessus vous et milord Tyrconnell, aussi bien que vous l'entendez. En attendant, je réitère encore que je ne veux point être compromis à obliger la comtesse contre son gré à l'accommodement qu'on lui proposera, quoique je verrai avec bien du plaisir que vous travaillez à le lui faire goûter par de bonnes raisons. Je consens même que vous lui fassiez sentir en termes honnêtes la nécessité qu'il y avait de se prêter à un accommodement, et qu'en cas qu'elle s'y refusât absolument, elle me mettrait hors d'état de me mêler plus de ses affaires. Sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung.