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4897. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Potsdam, 20 avril 1751.

Les dépêches que vous m'avez faites du 6 et du 9 de ce mois, me sont entrées à la fois. Selon mes conjectures, vous jugez parfaitement bien que, quoique le ministère d'Angleterre ne voudrait pas laisser tomber tout-à-fait son plan pour l'élection d'un roi des Romains, il se gardera cependant bien d'entrer dans des mesures qui sauraient devenir scabreuses. Cependant il faut avouer que c'est un heureux effet de la Providence que le prince de Galles soit mort avant le roi de Suède, parcequ'il aurait été à craindre que la tranquillité du Nord aurait pu risquer. A présent il me semble que la déclaration juste et énergique que le nouveau roi de Suède a faite à son avènement à la couronne, doit fortifier le ministère britannique dans le plan pacifique qu'il voudrait adopter, et qu'elle lui doit être d'autant plus agréable, parcequ'elle lui fournit le moyen le plus convenable de sortir de ces troubles qui menaçaient le Nord, supposé qu'il en ait l'envie.

Au surplus, la Russie doit être alarmée de ce qui vient d'arriver dans l'Ukraine et dans le territoire des Cosaques qui sont sous sa domination, puisqu'en conséquence des nouvelles de Pologne trois différents corps de Tartares ont fait une invasion sur le territoire desdits Cosaques et que cette affaire pourrait avoir des suites, d'autant plus que les Cosaques de la dépendance de la Russie faisaient mine de vouloir se soustraire de la domination de la Russie pour retourner à la protection de la Porte Ottomane. En vous communiquant ces nouvelles, mon intention est que vous n'en devez parler à personne hormis qu'au marquis de Mirepoix, à qui vous en pourrez bien faire confidence, s'il n'en est pas instruit encore.

Federic.

Nach dem Concept.


4898. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Potsdam, 20 avril 1751.

J'ai reçu le rapport que vous m'avez fait du 10 de ce mois. Je dois présumer que les évènements inopinés arrivés depuis peu ne doivent guère être favorables aux desseins vastes conçus de la cour de Vienne. Celui de la mort du prince des Galles et la santé chancelante du roi d'Angleterre doit empêcher sans doute le ministère britannique de prendre sur soi quelque affaire tant soit peu scabreuse, et s'il ne laisse pas tout-à-fait tomber l'affaire de l'élection d'un roi des Romains, il se gardera au moins de n'y rien entreprendre par voie de violence, d'autant plus que la nouvelle qu'il a reçue de la défection de l'électeur de Cologne, l'a tout étourdi, de même que le roi d'Angleterre, à ce que j'apprends.