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4905. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE ROHD A STOCKHOLM.

Potsdam, 24 avril 1751.

J'ai reçu votre rapport du 13 de ce mois. Il m'a fait grand plaisir d'apprendre que le roi et la reine de Suède se prennent si bien, qu'ils captivent les cœurs par leurs manières affables et gracieuses, et que surtout ils se concilient l'affection de tous les membres du Sénat; aussi mes vœux sincères sont que cela continue toujours.

Au reste, il est bien à souhaiter que la Finlande ne soit point attaquée dans le moment présent par la Russie, car, de la manière que vous marquez qu'on ait instruit le général Rosen, celui-ci ne saurait faire qu'une fort mauvaise défense. Il est heureux qu'on n'ait pas toutà-fait à craindre que la Russie y veuille agir à force ouverte; sans cela, on ferait peut-être en Suède la triste expérience de ce que c'avait été par de très bonnes raisons que j'avais pressé de mettre la Finlande dans un meilleur état de défense par un bon transport de troupes.

Federic.

Nach dem Concept.


4906. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE MALTZAHN A DRESDE.

Potsdam, 25 avril 1751.

La dépêche que vous m'avez faite du 22 de ce mois, vient de m'être rendue. Je me suis toujours attendu que les ministres de Saxe ne seraient pas encore au bout de leurs chicanes par rapport au payement de mes sujets créanciers et qu'en mauvais payeurs ils chercheraient de disputer le terrain par tout ce qu'ils sauraient imaginer de mauvaises défaites. Mais quoi qu'ils diront, je ne me désisterai jamais du droit fondé que mes sujets propriétaires des billets de la Steuer ont acquis par la disposition du traité de paix de Dresde, ni n'admettrai aucune restriction contraire au sens propre et littéral dudit traité, et ce sera en vain que de penser à m'en vouloir détourner. J'ai ordonné à mes ministres du département des affaires étrangères de vous instruire derechef sur ce pied-là et de répliquer nerveusement sur le mémoire qu'on vient à vous donner en réponse. En attendant, vous tiendrez ferme et insisterez invariablement à ce que mes sujets propriétaires de billets échus soient payés sans distinction à la foire prochaine, et au cas que vous voyiez qu'il n'y a pas absolument moyen de les faire contenter tous, vous tâcherez au moins d'arracher le plus que vous pourrez, avant que l'argent emprunté de l'Hanovre soit détourné à d'autres usages. A cette occasion, vous pourrez bien dire au comte Hennicke que les procédés injustes dont on usait à l'égard de mes sujets créancers ne sauraient qu'augmenter le discrédit de la Steuer, en sorte qu'on serait en droit d'en soupçonner une banqueroute totale, et que par cette raison là je me voyais nécessité de presser d'autant plus sur le payement