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4444. AU CONSEILLER DE LÉGATION WARENDORFF A SAINT-PÉTERSBOURG.

Potsdam, 4 août 1750.

La dépêche que vous m'avez faite du 18 passé, m'a été rendue, et tout ce que vous m'y avez marqué de nouvelles, m'a donné d'autant plus de satisfaction qu'elles me confirment ce qui m'était déjà revenu de quelque autre part, savoir que toutes les ostentations que le chancelier de Russie a fait tant prôner par les gazettes publiques, ne consistaient effectivement que dans des marches et contre-marches de quelques régiments pour changer de garnisons.

La réponse que vous avez donnée aux questions qu'on vous a faites sur un émissaire tartare qui nous est arrivé depuis peu, a toute mon approbation; mais pour que vous soyez instruit de ce qui en est, j'ai ordonné à mes ministres du département des affaires étrangères de vous en donner des informations détaillées.

Federic.

Nach dem Concept.


4445. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRA ORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 4 août 1750.

J'ai senti qu'il fallait bien que parmi les dernières nouvelles que les deux cours impériales avaient eues de Constantinople, il y eût eu des choses qui ne leur fussent nullement agréables et qui fussent de plus d'importance que ce qu'elles en avaient laissé transpirer.1 Ce que vous me marquez par votre relation du 25 passé au sujet des nouvelles que le comte Barck a eues du sieur Celsing, me fait voir que je ne me suis pas trompé dans mes conjectures, et que c'est la disposition où se trouve actuellement la Porte à l'égard des affaires du Nord qui a fait enrager le chancelier de Russie et a donné à penser à la cour de Vienne; aussi je ne m'étonne plus à présent de ce que les ministres des deux cours impériales à ma cour, tout comme celui d'Angleterre, ont marqué tant d'ombrage sur l'envoi d'un émissaire tartare qui depuis peu nous est arrivé à Berlin et au sujet duquel j'ai ordonné à mes ministres du département des affaires étrangères de vous donner les informations nécessaires.

Puisqu'aussi, d'ailleurs, les différentes nouvelles que je reçois de Russie, reviennent toutes à ce que les mouvements des troupes de Russie qu'on a tant prônés, ne consistent que dans quelque monde qu'on envoie en Finlande pour en recruter l'armée de cette province, et qu'en changements de quartiers qu'on faisait faire à quelques régiments, enfin en grimaces toutes pures, je présume tout comme vous que les deux cours impériales, bon gré mal gré qu'elles en aient, se verront obligées de tremper leur vin avec de l'eau.



1 Vergl. S. 31.