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5109. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Potsdam, 28 septembre 1751.

Il est bien extraordinaire que le roi d'Angleterre fasse paraître tant d'aigreur et d'amertume au sujet de la nomination que j'ai faite de M. de Maréchal pour être mon ministre en France. Malgré cela, il n'y aura rien à changer là-dessus; il est actuellement entré dans ce poste, ses audiences sont faites et ses lettres de créance rendues. Si jamais l'on m'en parle de la part de la cour de Londres, je sais comment j'aurai à y répondre pour justifier mon procédé à cet égard. D'ailleurs, quand j'ai songé d'envoyer ce ministre en France, aucune bonne raison n'a pu me venir dans l'esprit pourquoi le roi d'Angleterre en dût être choqué; milord Maréchal était venu depuis assez de temps s'établir dans mes États, il m'était attaché particulièrement par une pension dont il jouissait de moi depuis les dernières années, je le regardais en conséquence comme un sujet de mes États qui avait cessé d'être Anglais. Et comme tout le monde a regardé M. de Wall1 Espagnol, dès qu'il était entré en service du roi d'Espagne, je crois qu'on ne saurait envisager M. de Maréchal que comme Prussien, dès qu'il était établi dans mon pays. Outre les réflexions que je vous ai déjà fait suppéditer pour justifier le choix que j'ai fait dans la personne de milord Maréchal, je vous permets de faire usage de celle-ci encore, quand l'occasion s'y présentera. Au surplus, j'accuse les rapports que vous m'avez faits du 3 et du 6 de ce mois.

Federic.

Nach dem Concept.


5110. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

Potsdam, 28 septembre 1751.

Vous avez bien fait de communiquer en conséquence de mes ordres aux ministres de France l'avis qui m'est parvenu au sujet de ce que la cour de Vienne trame avec celle d'Espagne.2 Je suis persuadé que vos soupçons que la cour où vous êtes dissimule son indignation contre le ministère d'Espagne, sont justes. Je sais que les ministres de France traitent de franche chimère ce qu'on dit d'un projet entre l'Archiduc aîné d'Autriche avec l'infante de Parme,3 et qu'ils voudraient faire passer les négociations entre les cours de Vienne et de Madrid de peu d'étendue et de consistance. Je ne leur serai cependant point garant qu'ils ne s'abusent pas, et ils ont raison d'éclairer de fort près tout ce que les cours de Londres et de Vienne négocient à Madrid. Il est constaté qu'ils emploieront toute leur adresse, afin de détacher, s'il y a moyen, l'Espagne de la France ou de leur inspirer de la méfiance l'un contre l'autre. Si cela leur réussit, ils croiront avoir obtenu



1 Vergl. Bd. V, 568; VI, 14.

2 Vergl. S. 445.

3 Vergl. S. 428.