<487>ment, on n'oserait pas lui faire la proposition de le rappeler. D'ailleurs voyons ce que vous gagneriez par son rappel. Croyez-vous qu'il agit de sa tète et sans instructions de sa cour? Vous vous trompez, ma chère sœur; je sais qu'en France on est de l'opinion qu'il faut s'en tenir au Sénat, parceque la France ne veut point la guerre, qu'elle voit très bien qu'il ne serait pas avantageux à vos intérêts de vous l'attirer, en expliquant seulement le point de l'autorité royale; la France croit que le Roi peut changer de sentiments, mais que le Sénat ne le peut point, et voilà les raisons qui, dans les conjonctures présentes, feront tenir à tout autre ambassadeur de France la même conduite de celui que vous avez présentement.

Toutes ces raisons, ma très chère sœur, me semble, doivent vous confirmer dans la résolution de ne rien remuer dans un temps qui ne vous est pas favorable, de cacher vos sentiments et de voir venir. Je vous demande mille pardons de ma franchise, mais en quahté de frère, et de frère qui vous aime tendrement, je vous dois la vérité, et je vous proteste que je vous ai dit en ce moment les choses telles qu'elles me sont connues et qu'elles le sont. Continuez-moi votre précieuse amitié et soyez persuadée qu'on ne peut vous aimer plus tendrement que, ma très chère sœur, votre très fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.


5146. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Potsdam, 19 octobre 1751.

Votre rapport du g de ce mois m'est heureusement parvenu. J'applaudis fort que vous traitez avec bien de la délicatesse ce canal1 dont vous avez tiré jusqu'ici de si bons et si utiles avis, et que vous le ménagez au possible. Je souhaiterais même que vous ne le nommiez plus dans vos rapports ordinaires, ou, s'il est indispensablement nécessaire d'indiquer son nom ou son caractère, que vous ne le fassiez que dans les dépêches que vous dirigez à moi seul immédiatement.

Quant aux affaires de la Diète en Suède, elles vont jusqu'ici à souhait, et tous mes avis en sont qu'il y règne une grande unanimité, de façon qu'on en présage qu'elle sera courte et ne roulera que sur l'arrangement d'économie du royaume, et que les États assemblés marquent presque généralement une grande affection et attachement pour les personnes de Leurs Majestés Suédoises : enfin, qu'à moins qu'il n'arrive un accident tout-à-fait inattendu, il y avait tout lieu d'espérer que cette Diète s'écoulerait fort tranquillement et qu'il n'y sera question d'aucune affaire qui donnerait lieu aux voisins de s'en récrier et de s'en mêler.



1 Vergl. S. 480 Anm. 1.