<494> avaient su engager le Danemark à faire la déclaration à la France, qui était arrivée à Vienne le 11 de ce mois et qui avait été avouée du comte Ulfeld à un de ses confidents, savoir que, si on portait en Suède le moindre changement à la forme présente du gouvernement, le Danemark se verrait obligé de s'y opposer par tous les moyens possibles. A la vérité cet avis ne m'est venu jusqu'ici que de Vienne, et, mes lettres de Copenhague et de Paris ne m'ayant rien marqué là-dessus, je ne veux point encore répondre de la réalité de l'avis; nonobstant de cela j'ai tout lieu d'avoir des soupçons bien forts là-dessus contre le Danemark qu'il saurait bien changer de système et tourner totalement de casaque, vu que mes dernières lettres de Copenhague sont que la cour a depuis quelques jours des attentions marquées pour tous les ministres étrangers du parti opposé, mais que ces ministres, et particulièrement les sieurs Titley et Korff, témoignent dans toutes les occasions de l'empressement pour parler aux ministres danois, et les longs entretiens que Messieurs Titley et Bernstorff, le baron Korff, le grandmaréchal Moltke, Rosenberg et Berckentin avaient ensemble, faisaient juger que le tout n'était pas simplement apparent, mais qu'il y avait quelque chose sur le tapis à laquelle on travaillait sérieusement et qui tendait à sa conclusion. Aussi l'abbé Lemaire commence à se défier de la bonne foi du Danemark et de ses bonnes dispositions pour le bon système, et, ce qui a augmenté ses craintes, c'est la nouvelle que sa cour lui a donnée que la négociation du comte Lynar pour la cession du Holstein ducal, bien loin d'être échouée, devait être plus avancée et sur le point d'être conclue sous la garantie des Puissances maritimes, et, quand il a touché l'autre jour un mot au baron de Bernstorff de la négociation du comte Lynar, il n'en a eu que la vague réplique qu'à la vérité il ne saurait lui répondre si au moment du départ du comte Lynar on n'avait pas voulu conclure, mais qu'il pourrait toujours l'assurer que celui-ci avait ordre de revenir incessamment.

Vous pouvez faire communication confidente de tout ceci à la Reine, ma sœur, en lui faisant entrevoir combien il serait hors de saison parmi des circonstances aussi scabreuses de vouloir remuer la moindre chose à la Diète présente qui pourrait donner occasion aux voisins de la Suède de s'en mêler.

Federic.

Nach dem Concept.


5155. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Potsdam, 23 octobre 1751.

Je vous sais bon gré des particularités que vous marquez par votre dépêche du 8 de ce mois. Elles me paraissent toutes être bien fondées, au moins est-il très vraisemblable que la cour de Londres voudra mener les Saxons selon ses vues et que ceux-ci seront obligés de plier à tout ce que l'on leur prescrira.