<495>

Ayez beaucoup d'attention sur le dessein que vous marquez qu'on a de proposer actuellement au roi de Sardaigne l'accession au traité des deux cours impériales, et tâchez de bien pénétrer si ce qu'on vous a dit là-dessus, est fondé, et quel sera le succès de la négociation qu'on entamera à ce sujet.

Federic.

Nach dem Concept.


5156. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

Potsdam, 25 octobre 1751.

J'ai reçu votre rapport du 23 de ce mois touchant les dépêches du marquis d'Havrincourt et de l'abbé Lemaire que milord Tyrconnell a bien voulu vous communiquer confidemment.

Vous lui répondrez de ma part que, sensible que j'étais à la nouvelle marque de son attention pour tout ce qui saurait avoir du rapport à mes intérêts qu'il m'avait donnée, il pouvait compter que je n'avais rien oublié pour inspirer toujours à la Reine, ma sœur, des sentiments pacifiques et pour l'exhorter de ne se mêler de rien, ni entreprendre quelque chose, pendant la Diète présente, qui saurait avoir le moindre rapport à une augmentation du pouvoir royal ou au despotisme. Qu'aussi, pour la convaincre d'autant plus de la nécessité indispensable qu'il y avait de faire couler tranquillement cette Diète, je lui avais communiqué moi-même l'avis qui m'était venu en dernier lieu de Vienne1 — quoique sans lui nommer le canal d'où je l'avais eu — sur la vraie façon de penser des deux cours impériales relativement aux affaires de la Suède, en lui déclarant encore que la Russie ne demandait pas mieux qu'un prétexte pour témoigner au gouvernement présent de Suède toute sa mauvaise volonté, et que la conduite emmiellée de la Russie n'était qu'un piège qu'on lui tendait pour l'endormir dans une profonde sûreté, dans l'espérance que, se croyant assuré de ce côté-là, il pourrait manifester quelques sentiments d'ambition dont on ferait un bruit affreux et dont le premier ministre de Russie se servirait pour justifier sa conduite passée et pour pousser les choses aussi loin que sa haine l'y conviait; et qu'au surplus j'avais ordonné du depuis à mon ministre Rohd2 de communiquer à ma sœur, la Reine, ce que nous avions appris depuis peu de la déclaration que la cour danoise doit avoir faite à la France, et combien il y avait à appréhender que cette cour ne changeât totalement des bonnes dispositions où elle avait été pour la bonne cause; ainsi que j'avais rempli de me part tout ce que l'on peut prétendre raisonnablement là-dessus.

Quant au marquis d'Havrincourt, s'il se plaignait de ma sœur, la Reine, que celle-ci se plaignait également de lui, au sujet des partialités qu'il avait fait remarquer ouvertement dans les différends qui s'étaient



1 Vergl. S. 478. 479.

2 Vergl. Nr. 5154.