<546>

5220. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.

Häseler berichtet, Kopenhagen 23. November: „Je ne saurais assez dire à Votre Majesté les mauvais et faux jugements qu'on commence à faire ici de ce qui est arrivé à Saffi. On accuse la France d'avoir engagé le prince de Maroc à en agir si mal avec les Danois, et, pour rendre la chose plus vraisemblable, on dit que le commerce des Français aurait considérablement souffert par ce nouvel établissement, et que par conséquent ils étaient intéressés à ne le faire réussir. On n'oublie rien pour faire entendre à cette occasion le peu de fond qu'il y a à faire à une cour qui favorise si peu les intérêts de son allié. Ce ne sont à la vérité que des insinuations et des cabales du parti opposé, destituées de tout fondement et répandues dans le public pour semer la méfiance et les soupçons entre les deux couronnes; cependant, comme d'ordinaire, le grand nombre n'examine point la chose à fond, ces discours ne laissent pas de faire beaucoup d'impression sur bien des gens, et, quelque faux qu'ils soient, il est bien mal aisé de les détruire, de plus que le gros de la nation n'aime pas trop les Français et paraît être plus attaché à la maison d'Angleterre.“

Potsdam, 30 novembre 1751.

Par les mauvais bruits qu'on a malicieusement débités au préjudice de la France, en conséquence de votre dernier rapport du 23, à l'occasion de l'échec que le commerce danois a souffert à Saffi, je vois que le parti contraire n'épargne plus la France qu'il me l'a fait, et je suis confirmé par là qu'il n'y a ni calomnie atroce, ni mensonge grossier, ni faussetés indignes que ce parti ne met en usage, quand il croit l'occasion propre pour en charger ceux à qui il voudrait du mal. J'en ai fait l'expérience et je l'éprouve souvent encore. En attendant, je crois que M. Lemaire songera à traiter ces indignités comme il faut.

Federic.

Nach dem Concept.


5221. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Potsdam, 30 novembre 1751.

Par les nouvelles qui me sont parvenues depuis quelque temps du Nord, j'ai tout lieu de présumer que la négociation qu'il y a eu depuis quelque temps au tapis entre le Danemark et la Russie, est rompue, ce dont cependant je ne puis rien dire encore avec une certitude parfaite.

Celle de l'Espagne avec la cour de Vienne doit faire à présent le premier objet de votre attention, pour en être instruit avec toute l'exactitude possible.

Tout va assez doucement à la Diète de Suède, et, outre de petits démêlés qui ne regardent que l'intérieur du pays, il n'y a pas à appréhender qu'il y arrive des choses qui sauraient tirer à conséquence: enfin, dans l'assiette présente des affaires de l'Europe, tout paraît dans le dehors calme et tranquille.

Federic.

Nach dem Concept.