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5249. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Berlin, 20 décembre 1751.

L'aveuglement du marquis de Hautefort et la façon dont il se fait duper par la cour de Vienne, est des plus extraordinaires; aussi sa cour n'est nullement contente de lui, de manière qu'il n'y a que le marquis de Puyzieulx qui, pour l'avoir placé,1 tâche à le soutenir encore, au lieu que, s'il va au gré de M. de Saint-Contest, lui, le marquis de Hautefort, pourrait bien être rappelé.

Comme j'apprends que l'Impératrice-Reine a fait travailler dans le cours de cette année-ci avec bien de la chaleur à la fortification d'Olmütz, et que je crois que le comte de Podewils vous aura fait connaître à son départ de Vienne un certain officier ingénieur qu'il s'était attaché par des libéralités, pour lui fournir des plans des forteresses autrichiennes, vous me rendrez un service essentiel en tâchant de déterrer cet homme-là, afin d'apprendre de lui ce qu'il y a été fait des ouvrages à Olmütz, et de vous procurer par son moyen un plan exact de ce qu'on va faire d'Olmütz.

Au reste, j'attends que vous me marquiez si feu le maréchal de Kœnigsegg2 est fort regretté ou si l'on regarde sa mort avec indifférence.

Federic.

Nach dem Concept.


5250. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

[Berlin, 21 décembre 1751.]

J'ai bien reçu votre dépêche du 10 de ce mois. Il m'a été bien sensible et même douloureux d'apprendre l'indifférence avec laquelle le ministère de France regarde tout ce qui se trame par les cours de Vienne et de Londres contre la France, pour l'abaisser et pour lui faire perdre, selon le projet que le roi d'Angleterre s'est fait dès la paix d'Aix-la-Chapelle, toute son influence dans les grandes affaires de l'Europe, en lui étant tous ses amis et ses alliés, l'un après l'autre.

Songez s'il n'y a pas moyen de dessiller les yeux au susdit ministère et de lui donner du réveil, en lui faisant faire par manière de discours des réflexions sur les vues pernicieuses des deux cours susdites, et avec combien de chaleur et d'empressement elles travaillent à lui enlever ses alliés. Il n'y a qu'à leur citer l'exemple de ce que ses ennemis on fait relativement à l'Espagne et le roi de Sardaigne, et de leur dire que le plan est fait que, dès que le traité entre les cours de Vienne, de Madrid et de Turin sera constaté, on y invitera d'accéder le roi des Deux-Siciles, l'Empereur comme grand-duc de Toscane, la cour de Parme et la république de Venise. Ajoutez d'ailleurs que les deux cours impériales, à ce que je sais, sont occupées à Constantinople



1 Vergl. Bd. VII, 129.

2 Gestorben 8. December 1751.