<66> forteresse, le synode, la police et la maison de correction étaient tous remplis de ces créatures, et qu'il y avait une grande fermentation làdessus parmi le peuple, tout le monde ignorant quelle était la raison pourquoi il y avait une si grande persécution contre ce sexe féminin.

Comme je souhaite d'en savoir quelques particularités et les raisons qui ont pu mouvoir l'Impératrice ou son premier ministre pour procéder d'une manière aussi rigoureuse, autrefois inconnue en Russie contre ces créatures, j'attends que vous m'en fassiez ultérieurement rapport et que vous me marquiez s'il en saurait arriver quelque émotion parmi le peuple.

Quant aux ostentations guerrières de la Russie dans le courant de cette année, je les compte tout comme déjà finies, la saison étant d'ailleurs déjà si avancée qu'on n'en a plus rien à craindre. Au surplus, il n'y a nul doute que le Chancelier cabalera au possible auprès de la Diète future en Suède et qu'il dépensera assez d'argent à ce sujet; mais il se trouvera peut-être des moyens pour le frustrer de ses espérances.

Pour ce qui regarde le comte Lynar, il se pourrait bien qu'il y eût des chipotages entre lui et le Chancelier; mais il me semble qu'on n'en saurait tirer d'abord la conclusion qu'il est gagné et corrompu par le chancelier Bestushew.

Federic.

Nach dem Concept.


4494. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Berlin, 31 août 1750.

Votre dépêche du 21 d'août m'est parvenue. Je suis bien persuadé que tout restera tranquille pendant le cours de cette année, mais à l'approche de l'année prochaine il y aura deux choses qui pourront nous causer de l'embarras et dont on ne saurait savoir le pli qu'elles pourront prendre.

La première concerne la Diète future en Suède. Les Russes ne manqueront pas alors de faire force d'ostentations, dans l'intention de me tenir en échec par là et de me brider.

Les Autrichiens tâcheront en même temps de profiter de l'occasion pour faire réussir l'élection projetée d'un roi des Romains.

Voilà, je m'imagine, le plan de la Russie et de ses alliés; il n'en résultera cependant pas, selon moi, de guerre capitale, et on pourrait bien encore en rester là, à cause du manque d'argent dont tous se ressentent également.

En attendant, la conduite que nous aurons à tenir sera qu'il faudra que nous combattions les intrigues de la Russie en Suède avec de l'argent, et quant à l'élection d'un roi des Romains, je n'y donnerai pas ma voix; elle ne s'en fera pas moins pour cela, et il en résultera une guerre de plume.