<80> présentés, je veux bien avec une confiance égale m'expliquer envers vous sur ce que je pense à ces sujets.

Quant au projet de la lettre au ministre, je laisse à votre pénétration s'il conviendra de la faire partir dans les termes aussi forts que ceux dont elle est conçue, et si l'on saura espérer d'obtenir par là le but qu'on s'en est proposé. S'il y avait à espérer qu'une représentation aussi vive saurait faire changer de sentiments le ministre, je serais d'avis qu'on la lui expédiât; mais comme l'on n'a nul lieu de s'en flatter, il est à craindre qu'elle n'effectue que d'augmenter l'aigreur et exciter d'autant plus le ministre à la vengeance.

Sur ce qui regarde le second mémoire, par rapport aux dangers où votre chère patrie se voit exposée, je dois vous dire que je prendrai toujours toute la part possible au bonheur de la République et à la conservation de ses droits et libertés; qu'en attendant j'ai toute la peine du monde à me persuader que le roi de Pologne voudra s'oublier de la sorte qu'il penserait à user de force et de violence pour obliger la République à plier sous ses volontés.1 Et quoique de ma part je conserverai toujours mon amitié à la République, autant qu'il le convient à un bon voisin, je suis cependant toujours dans la ferme persuasion que les choses ne viendront point à des extrémités fâcheuses et qu'on ne voudra pas être assez aveuglé pour attirer de propos délibéré la guerre dans la Pologne; je suis plutôt du sentiment que la vigilance des vrais patriotes et leur opposition loyale à tout ce qui saurait ébrécher l'heureuse constitution de la République, saura assez confondre les desseins des mal intentionnés et dissiper l'orage qui paraît menacer la Pologne. Je suis avec des sentiments d'estime etc.

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.


4517. AU CONSEILLER DE LÉGATION WARENDORFF A SAINT-PÉTERSBOURG.

Berlin, 21 septembre 1750.

Mon retour de la Silésie m'a empêché que je n'ai pu répondre en particulier à aucune de vos dépêches, savoir celles du 29 août et du 1er de ce mois. Il est fort à souhaiter que la cour de Russie veuille bien ne pas s'occuper d'autres choses que le sont celles de l'établissement du Hetman.2 Les observations que vous faites relativement aux biens-fonds en Livonie, sont bonnes; vous devez cependant considérer que, quand une fois le corps de troupes russiennes se sera retiré de cette province, alors le commerce y cessera de fleurir et valoir quelque chose, et que la Livonie sera ruinée. Mais il n'est guère possible que la cour de Russie dût pouvoir se mêler des grandes affaires de l'Europe pour tant que cette cour croit s'en flatter.



1 Vergl; S. 72.

2 Graf Cyrillus Rasumowski.