<99> donne beau jeu aux Français et aux partisans de la cour palatine. Son confesseur1 épouse chaudement les intérêts de cette dernière, à laquelle il rend de bons services, tandis qu'il dessert son maître et l'engage à des démarches pernicieuses et qui même ne sont pas approuvées de la plupart des ministres. Il a su longtemps détourner l'Électeur d'un nouvel engagement avec les Puissances maritimes, sous prétexte qu'il valait toujours mieux prendre des subsides d'une puissance catholique que d'une puissance protestante. L'exemple de la cour de Bonn et les conseils des bien intentionnés ayant enfin prévalu sur l'Électeur, pour rechercher la Grande-Bretagne, et le traité étant sur le point de se conclure, on impute audit père confesseur d'être la cause des anicroches qui l'arrêtent encore, parcequ'il doit avoir de nouveau engagé l'Électeur à des liaisons avec la cour palatine et à s'intéresser pour certaines propositions faites par cette même cour au ministère d'Hanovre. Comme tout le monde est persuadé que les subsides sont utiles et nécessaires, on est généralement fort mécontent du zèle déplacé de ce bon père, qui sort des bornes de sa vocation et se mêle de choses qui ne sont pas de son département. Il s'agit maintenant de voir ce qu'on dira à Hanovre sur les commissions dont M. de Haslang, ministre de cette cour-ci, a été chargé relativement aux susdites prétentions de la cour palatine; l'on attend ici de moment à autre le retour du courrier qu'on y a envoyé d'ici à ce sujet, au lieu qu'il aurait dû être le porteur de la ratification. Je ne crois pas qu'on voudra s'opiniâtrer absolument ici, mais il est à appréhender que, si le ministère anglais se roidissait trop, le parti adverse ne mît cela à profit pour détourner cet Électeurci totalement de l'alliance des Puissances maritimes, les intentions de la cour palatine, selon moi, n'étant pas sincères, malgré toutes les belles espérances qu'on nous donne ici de son favorable changement, et ses vues n'allant qu'à accrocher plutôt le renouvellement du traité de subsides avec cette cour-ci qu'à y prendre part de bonne foi.

La France n'entre en apparence que très peu dans les affaires, et le comte de Bachi, son ministre en cette cour, est retourné depuis plus de deux mois à Paris, sans qu'on entende parler de son successeur; cependant l'intérêt de cette couronne n'en souffre nullement, parcequ'il est ménagé sous main par ses adhérents, qui sont en grand nombre.

Il est vrai que l'Électeur s'en défie beaucoup, mais la même raison qui lui fait donner quelquefois dans le panneau avec la cour palatine, l'empêche souvent de démêler les artifices du parti français.

Votre Excellence aura sans doute appris ce qui s'est passé dans la fameuse affaire de Hohenlohe,2 où le corps des Protestants a procédé de son chef à l'exécution, pour se rendre justice à l'égard de certains griefs formés en vertu de la paix de Westphalie. La France, toujours




1 P. Daniel Stadler S. J.

2 Vergl. Bd. VII, 390. 402. 403.