4466. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Graf Otto Podewils berichtet, Wien 8. August: Le comte Ulfeld „pousse la bonne opinion qu'il a de la crédulité du sieur Blondel, si loin qu'il lui a assuré que le général Pretlack se servirait de sa faveur auprès de l'impératrice de Russie pour culbuter le chancelier Bestushew, s'il balançait d'entrer dans les sentiments pacifiques de la cour d'ici. On aurait de la peine à croire que des impostures aussi grossières pussent éblouir l'homme le plus prévenu et le plus borné; cependant le sieur Blondel les regarde comme articles de foi et les donne comme tels à sa cour.“

Charlottenbourg, 18 août 1750.

J'ai reçu votre dépêche du 8 de ce mois. J'avoue que tout autre que vous aurait eu de la peine à me persuader que le sieur Blondel eût été capable à se laisser imposer par des impostures aussi grossières que celles dont le chancelier Ulfeld lui a fait accroire au sujet de la mission du général Pretlack, et je suis persuadé que la cour de France, n'en sera point la dupe comme lui en a été.52-1

Je remarque de plus en plus que l'envoi d'un émissaire tartare à ma cour a mis martel en tête aux ministres autrichiens,52-2 et je ne suis point fâché de l'air ricaneur que le comte Ulfeld n'a point su dissimuler au comte Barck. J'aime bien de voir ces gens fâchés contre moi, car c'est toujours une marque point équivoque que mes affaires sont en bon train, quand ils font les enragés contre nous.

Au reste, les apparences sont que la Diète en Pologne ne consistera point et que peut-être votre successeur,52-3 le conseiller privé de Voss, en sera plus tôt de retour que je ne l'aurais pas cru. Quant au plan pour faire avorter l'établissement de commerce que la cour de Vienne médite de faire à Trieste,52-4 je ne vous presserai point là-dessus et j'attendrai que vous le dressiez, pour me le faire tenir par écrit, quand je vous verrai chez moi.

Federic.

Nach dem Concept.



52-1 Vergl. S. 34.

52-2 Vergl. S. 38.

52-3 Vergl. Bd. VII, 376.

52-4 Vergl. S. 6.