4640. AU COMTE DE TYRCONNELL, MINISTRE DE FRANCE, A BERLIN.

Potsdam, 22 novembre 1750.

Milord. En conséquence de ce que je vous ai marqué par la dernière lettre que je vous fis, je n'ai pas voulu manquer de vous adresser à la suite de celle-ci les propositions que le duc de Brunswick m'a fait faire au sujet d'un traité de subsides à constater avec lui, de même que la copie de celui qu'il a actuellement encore avec les Puissances maritimes et qu'il souhaite d'être mis pour base du traité qu'il voudra faire avec moi. Je vous prie, Milord, de vouloir bien examiner soigneusement ces pièces et de me marquer en détail, et article pour article, ce que vous croyez à y remarquer, à changer ou à ajouter, conformément aux intentions de votre cour. Vos réflexions me serviront de boussole pour en régler les démarches que je ferai à ce<162> sujet, et je ne m'en écarterai point, pour ne rien faire à cet égard qui ne saurait pas trouver l'approbation de votre cour. Au reste, vous aurez la bonté de me renvoyer la susdite copie du traité, à la suite des observations que vous aurez faites sur tout ceci. Sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

Les propositions de la part du duc de Brunswick162-1 sont:

1° Que le Duc serait charmé de contracter sur le même pied que le traité avec les Puissances maritimes s'est fait.

En cas donc qu'il agréerait à Sa Majesté Prussienne que celui soit pris pour base et règle, comme le Duc était persuadé de le croire, et qu'il plairait à Sa Majesté de munir des instructions jusqu'à ce point le prince Ferdinand de Brunswick, le Duc et lui discuteraient euxmêmes, point pour point, ledit traité et pourraient projeter l'imitation, pour qu'il soit porté ensuite à la décision de Sa Majesté.

2° Un subside annuel de 300,000 écus engagerait le Duc environ à 6,000 hommes qu'il serait en état de fournir.

Il y a aussi dans le traité susdit entre autres la clause expresse que les troupes ne seront pas employées contre l'Empereur et les États de l'Empire. Le Duc est charmé au possible qu'elle est implicitement accordée par Sa Majesté, mais qu'il avait pourtant en voulu faire mention préalable plutôt que des autres clauses plus relatives à ses intérêts particuliers qu'aux grandes affaires.

3° Qu'il était d'une importance très grande pour le Duc que le secret fût observé le plus religieusement sur cette affaire en question, que ni la cour de Vienne, ni les Puissances maritimes n'en eussent point de connaissance, avant que le cas de guerre exigeât de paraître, reconnaissant au possible que Sa Majesté y est aussi tant portée.

4° Pour combien d'années le Duc pourrait compter que le traité durerait selon les intentions de Sa Majesté?

5° Le Duc insiste aussi sur une garantie de la part de Sa Majesté sur les suites que le mécontentement de la cour de Vienne et des Puissances maritimes pourraient avoir au préjudice du Duc.

6° L'assurance que Sa Majesté a fait donner au Duc que ses troupes en cas de guerre ne seraient employées que pour servir de garnisons dans les forteresses des anciennes possessions de Sa Majesté, où elles seraient moins exposées à la mortalité et désertion, a causé la plus parfaite satisfaction au Duc.

7° Qu'il serait aussi extrêmement agréable au Duc qu'il plût à Sa Majesté de lui donner l'assurance que le traité en question n'engagerait le Duc en aucune façon de prendre ouvertement fait, et cause, si tôt ou tard la guerre venait à se rallumer.

<163>

8° Que le Duc serait, aussi, bien aise d'être éclairci si, en cas qu'il plairait à Sa Majesté de lui accorder un subside annuel de 300,000 écus, cela engagerait le Duc — si le traité de subsides des Puissances maritimes était pris pour base, comme il est déjà dit plus haut — à 6,000 hommes, ou si le Duc serait tenu d'entretenir pour ladite somme des subsides un nombre plus considérable de troupes.


Nach der Ausfertigung im Archiv des Auswärtigen Ministeriums zu Paris. Die Beilage nach Abschrift der Cabinetskanzlei im Königl. Geh. Staatsarchiv zu Berlin.



162-1 Diese Propositionen sind bereits am 31. October durch den Prinzen Ferdinand von Braunschweig dem Könige übersandt worden. Vergl. S. 141.