4652, AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam, 30 novembre 1750.

J'ai bien reçu votre dépêche du 20 de ce mois. Pour vous y répondre, je commencerai à vous dire que mes lettres de Dresde me marquent que M. de Puyzieulx venait d'écrire au sieur des Issarts que, vu les circonstances présentes et les desseins de la cour de Vienne touchant l'élection d'un roi des Romains, la France pourrait bien donner de nouveaux subsides à la Saxe, à condition qu'elle se concerterait avec la France sur les affaires de la Diète, qu'elle ne ferait aucune alliance sans son consentement, et que le roi de Pologne observerait une parfaite égalité à l'occasion de la distribution des bénéfices en Pologne. B est à remarquer que le marquis des Issarts n'en a pas dit le mot à mon ministre, mais que celui-ci en a été informé par un autre assez bon canal. J'avoue que cette nouvelle m'a frappé; car serait-il possible que le ministère de France ne soit point informé que le roi de Pologne a actuellement [engagé] sa voix à la cour de Londres pour l'élection de l'archiduc Joseph à la dignité d'un roi des Romains, et qu'en conséquence tout ce que la France saura proposer à la cour de Dresde, ne vienne trop tard et après coup et ne servira, ainsi, qu'à donner occasion au comte de Brühl d'en faire un sacrifice aux deux cours impériales et à celle de Londres pour s'en faire mieux valoir? Ce qui cependant ne soit dit que pour votre direction.

Pour ce qui regarde vos réflexions sur le plan que vous croyez que le ministère de France se soit fait à l'égard du comte Kaunitz,171-1 je ne saurais pas vous cacher que je crois que vous vous trompez cette fois-ci dans vos conjectures, et que je suis plutôt du sentiment que, bien que les ministres de France garderont la bonne apparence envers la cour de Vienne et envers son ministre, il n'y aura cependant jamais de l'intimité entre eux, par la raison de ce que cette cour-ci se voit obligée d'avoir beaucoup de ménagements pour les Anglais, qui ne verraient jamais de bon œil, si elle affectait d'être intime avec la France, ainsi donc que j'en conclus qu'il y aura des démonstrations extérieures entre les susdites cours, mais que vous pourrez compter qu'il n'y aura jamais de l'intimité.

Federic.

Nach dem Concept.

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171-1 Chambrier sagt in seinem Berichte vom 20. November: „Votre Majesté aura vu par mes précédentes dépêches quel avait été le début du comte Kaunitz, et qu'il paraissait par les honnêtetés prévenantes et attentions qu'on lui a marquées, qu'on désirerait ici que cet Ambassadeur fût content. Il semble en effet de plus en plus lue c'est le plan que ce ministère s'est fait à l'égard du comte Kaunitz, et qu'on se promet qu'il y répondra à vivre avec elle dans une bonne intelligence, et que ce système peut convenir aux deux puissances.“