4765. AU COMTE DE TYRCONNELL, MINISTRE DE FRANCE, A BERLIN.

Potsdam, 5 février 1751.

Milord. Je viens d'être informé encore par un bon canal que le sieur Williams continue248-2 de qualifier envers ses intimes le précis du discours que j'ai eu avec le comte Puebla, comme une pièce remplie de venin et qui ne tend qu'à donner la loi à la cour de Vienne et à la désunir de ses alliés. Entre autres, il doit avoir confié à un de ses intimes qu'il pourrait bien recevoir aux premiers jours ses lettres de rappel et partir pour Dresde, et que ses ordres seraient de se congédier en forme, mais qu'il se garderait bien d'en publier quelque chose avant le retour du dernier courrier qu'il avait envoyé à sa cour au sujet du susdit précis, et parcequ'il pourrait bien recevoir des ordres de quitter Berlin sur le même pied que le sieur Gross.

<249>

Je vous prie très instamment de me garder religieusement le secret de tout ceci. En attendant, j'en crois entrevoir que la cour de Vienne ne s'expliquera point sur le contenu dudit précis, ou, si elle le fait, elle ne répondra que vaguement; que d'ailleurs elle poussera son projet d'élection d'un roi des Romains, en se fiant sur les ostentations que la Russie fera en Courlande, sans faire attention ni sur la France, ni sur moi et le Palatin; ainsi que, selon moi, il n'y aura rien de meilleur à faire pour la France que d'attirer dans ses intérêts l'électeur de Cologne, et, quant à moi, de tâcher de finir au plus tôt les traités de subsides qu'il conviendra à faire avec le duc de Gotha249-1 et d'autres princes encore, pour fortifier notre parti en Allemagne. Sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung im Archiv des Auswärtigen Ministeriums zu Paris.



248-2 Vergl. S. 244.

249-1 Vergl. S. 207.