4876. AU PRINCE DE PRUSSE A BERLIN.

[Potsdam], 8 [avril 1751].

Mon très cher Frère. Je n'ai que des remercîments à vous faire de toutes vos galanteries. J'ai reçu les Rêveries du comte de Saxe,322-1 qui m'ont fait grand plaisir, et, pour le surpasser en folie, je me suis avisé de mettre en vers les préceptes de cet art,322-2 de même qu'Ovide a fait celui d'aimer.

Vous vous moquez très obligeamment de moi en me transformant en grand capitaine, moi qui n'ai fait que des sottises à la guerre et qui ne me suis tiré d'embarras que par l'extrême valeur et la discipline des troupes. Voilà tout mon mérite; comptez là-dessus que je ne m'en attribue point d'autre et que l'amour-propre ne m'en impose point. Je suis bien aise que vous aillez voir votre régiment de cavalerie; à dire le vrai, je crains un peu pour lui, et point du tout pour celui d'infanterie, que je crois tout au mieux en ordre. Vous recevrez ici le passe-port que vous m'avez demandé, en vous assurant, mon cher frère, qu'on ne saurait être avec plus de tendresse que je suis, votre très fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



322-1 Vergl. S. 197.

322-2 „L'Art de la Guerre.“ Vergl. Œuvres de Frédéric le Grand, Bd. X, 223.