4967. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE MALTZAHN A DRESDE.

Magdebourg, 3 juin 1751.

J'ai reçu à la suite de votre dépêche du 29 dernier la désignation des billets de Steuer échus qui se trouvent entre les mains de mes sujets et dont on vous a présenté les originaux la foire passée.

Comme je vous ai déjà instruit, par les derniers ordres que je vous ai faits, sur les raisons très solides qui m'empêchent d'accepter les nouvelles offres que le ministère de Presde m'a faites à ce sujet, je vous y renvoie, en vous réitérant encore que je suis fermement déterminé à ne m'écarter du tout de la disposition du traité de paix là-dessus.

L'évènement de la mort du Grand-Général de la couronne377-2 doit vous faire redoubler d'attention pour être exactement informé quel sera le sujet à qui la cour de Dresde conférera cette charge importante, et quelles pourront être les conditions qu'elle pense de faire pour limiter le pouvoir de cette charge.

Quant à la négociation du chevalier Wilhams relativement au traité des subsides à faire avec la Saxe, je veux bien vous dire,377-3 quoique pour votre direction seule et avec défense de ne vous ouvrir à personne qu'à moi seul là-dessus, que je viens de savoir de très bon lieu, qu'en conséquence des ordres que le sieur Williams a eus de sa cour par le dernier courrier qui lui en est arrivé, il ne doit que sonder celle de Dresde sur ses intentions pour faire le traité de subsides et sur la somme des subsides qu'elle souhaitera, mais de ne lui point offrir alors au delà de 100,000 écus, ni de lui accorder plus, quand même la né<378>gociation en devrait échouer, ou que la France dût offrir le même subside ou plus encore.

J'apprends d'ailleurs que ledit Williams a présenté là-dessus un mémoire au comte de Brühl, pour lui faire connaître combien le roi d'Angleterre était porté de se lier avec la cour de Dresde d'une double façon, savoir en roi d'Angleterre et en électeur d'Hanovre, et que cette double liaison se ferait par l'accession de la Saxe au traité d'alliance fait entre les deux cours impériales et moyennant un traité de subsides à conclure; mais que la cour de Londres espérait à son tour que celle de Dresde se contenterait d'un subside raisonnable et médiocre.

Sur quoi le comte de Brühl a répondu que sa cour ne demandait pas mieux que de se lier étroitement avec celle de Londres, mais pour ce qui regardait les engagements à prendre entre les deux maisons électorales, il y avait déjà des traités antérieurs entre elles qu'on n'avait qu'à renouveler; mais pour ce qui regardait le traité de subsides à faire, que c'était un sujet qui pourrait tirer en conséquence, et que, par cette raison-là, la cour de Dresde espérait que l'Angleterre ne lui offrirait pas moins qu'un subside de cent mille livres sterling par an, payables à Leipzig, chaque terme six mois d'avance avec cinquante milles livres sterling, et que le traité serait conclu pour six ans.

L'on m'avertit que c'est avec cette réponse que le chevalier Williams a envoyé de retour son courrier, mais qu'il doutait lui-même que sa cour agréât la proposition; l'on craint encore que l'affaire touchant l'élection d'un roi des Romains ne se sache bien accrocher là-dessus, et que c'était par cette raison là que la cour de Dresde avait résolu d'envoyer encore le comte de Flemming à Londres, afin de voir si par sa présence ses demandes pourraient prendre faveur auprès de l'Angleterre.

Federic.

Nach dem Concept.



377-2 Graf Joseph Potocki, gestorben 19. Mai 1751.

377-3 Dieselbe Mittheilung erhält unter gleichem Datum Michell in London.